Février 2016 – Episode 1
Je suis souvent derrière la caméra ou l’appareil photos. Aujourd’hui, je vais vous emmener dans mon village à Montmartre, de la place Suzanne Valadon à la rue du Cardinal-Dubois.
Pendant que certains prennent les remontées mécaniques sous la neige, je vous propose de monter en funiculaire sur la Butte Montmartre.
Au fait, connaissez-vous l’histoire du funiculaire ?
L’aventure de cette installation commence au début de la construction du Sacré-Cœur, à la fin du XIXe siècle. Nous sommes en 1875 sur le chantier, pour acheminer les matériaux un plan incliné va être aménagé. Un système de wagonnet hissé au moyen d’un treuil.
1898, les pèlerins se rendent à la Basilique qui n’est pas totalement achevée par la rue Foyatier. Il s’agit en fait de l’escalier de 222 marches que doivent gravir les courageux et les sportifs que l’effort ne fait pas reculer.
Le conseil municipal de Paris décide d’utiliser l’aménagement du chantier pour la construction d’un transport de voyageurs. La société Decauville en obtiendra la concession pour trente ans assortie d’une redevance de 15% de ses recettes. L’eau nécessaire au fonctionnement du funiculaire « à traction d’eau » sera fourni, soit 5 mètres cube par cabine (0,03F le mètre cube).
Juillet 1900, la construction a commencé avant la signature du contrat et le funiculaire transporte de nombreux visiteurs venus pour l’Exposition universelle de 1900 (prix : montée 0,10F, descente 0,05F). La convention ne sera signée que le 2 août 1901. l’exposition a ferme le 12 novembre. Ayant démarré sans autorisation le service du funiculaire sera interrompu de novembre 1900 à mars 1901.
Sur une voie double de 108 mètres de long, une voiture montante et une descendante se font donc contrepoids à une vitesse maximum de 1,50 mètre/seconde pour un dénivelé de 36 mètres.
Elles sont reliées en partie haute à un câble dont l’axe de poulie fait 7m84. Chaque voiture peut transporter 48 passagers, comprend quatre compartiments fermés et deux plates-formes extérieures pour le conducteur qui active la manivelle du serre-frein.
Le freinage de secours se fait grâce à une crémaillère fixée au centre de chaque voie.
Le réservoir sous la voiture fait le plein d’eau en haut de la butte. Il est vidé, en bas, à l’arrivée.
Novembre 1931, la concession est arrivée à son terme.
1935, La STCRP qui en a récupéré l’exploitation fait passer l’équipement à la traction électrique avec un treuille actionné par un moteur de 50CV.
Les voies sont fixées sur une dalle de béton. Plus de crémaillère de secours, mais des mâchoires qui enserrent les rails de roulement en cas d’incident.
Chaque cabine dont le plancher est bien horizontal peut accueillir 50 personnes. Coût du trajet, un ticket d’autobus. Vitesse 2 mètres/seconde. Service d‘été de 7h à 23h et l’hiver de 7h -21h.
Création de la RATP le 21 mars 1948, l’ensemble du réseau de transports parisiens va être modernisé à partir de 1950.
« C’est ce funiculaire que j’ai connu. Petit, nous faisions la course contre lui rue Foyatier, dans les escaliers, sur le talus, en groupe, parfois seul contre la cabine, ou en glissant sur la rampe centrale. Le conducteur était encore, à cette époque dans la cabine et pour la montée, on lui donnait un ticket d’autobus qu’il passait dans sa moulinette. »
A partir de 1965, les caisses des cabines sont en aluminium et se déplacent désormais sans agent. Ce funiculaire est arrêté le 30 septembre 1990.
1991, Schindler va automatiser la gestion des nouvelles cabines et le nouveau système de commande. On ne parle plus de funiculaire mais d’ascenseur. Les deux cabines qui jouent la transparence transportent, désormais, jusqu’à 60 voyageurs à l’aller et au retour. Leur autonomie permet d’avoir toujours une cabine utilisable en cas de révision ou d’incident. Elles parcourent la distance en moins d’une minute 30. Les gares ont été refaites en verre et en acier inoxydable.
Le funiculaire en mode ascenseur transporte pour un ticket, 3 millions de visiteurs à Montmartre chaque année, soit 2000 voyageurs à l’heure, de 6h jusqu’à 0h45 et 7 jours sur 7.
« Et des accidents, me direz-vous y en a-t-il eu ? »
En 2006, lors de tests de freinage pendant la période d’essai, une cabine vide s’est écrasée sans blessé.
A suivre, une autre histoire de Mon village à lire fin mars…
Bien sûr je n’ai pas connu le temps de la Bohème, mais j’ai vécu à l’époque où les Corses animaient les nuits de Montmartre.
documents : Gérard Jouhet et les Nautes de Paris; dessins : André Chaigneau.
Pingback: A Montmartre avec Dominique : les Grandes Carrières | Nautes de Paris