Avril 2016. Cette femme indépendante a fasciné les hommes durant toute sa vie, de son compagnon l’écrivain Paul Géraldy aux politiques Georges Boris, Alexandre Parodi et bien sûr Jean Moulin. Ils se sont rencontrés chez des amis avionneurs lors d’un dîner en 1936. Ils partagent un même goût pour la liberté et leur pays, pour le dessin, la peinture, le sport. Elle deviendra sa confidente, son assistante, avant qu’il ait un secrétaire. Elle va l’épauler pour sa couverture d’agent artistique sous le nom de Jacques Martel et acheter les toiles pour la galerie Romanin (Nice) ouverte en 1943 et tenue par Colette Pons.
L’exposition « Antoinette Sasse. Rebelle, Résistante et mécène 1897-1986 » présentée du 12 avril 2016 au 29 janvier 2017 au Musée du général Leclerc de Hautecloque et de la Libération de Paris – Musée Jean Moulin – Paris Musées (Paris XVe) est consacrée à l’artiste, la femme libre anticonformiste et à la Résistante dans un parcours chronologique. Mariée en 1920 à Raymond Sachs, fils du compositeur Léo Sachs, elle divorce en 1933. Moderne, elle a son permis de conduire. Elle pilote des avions. Sportive, elle fait du ski, de la natation.
L’artiste, portraitiste reconnue, fréquente Fernand Léger, Chaïm Soutine, Kees Van Dongen qui a réalisé un superbe portrait de son « amie bouclée » présenté dans l’exposition (prêt du musée d’Art moderne). Elégante, elle fréquente les grands couturiers Jeanne Lanvin, Lucien Lelong, Maggy Rouff et Christian Dior après guerre. Elle portera durant toute l’occupation un tailleur en velours noir de Maggy Rouff présenté ici. Vous pourrez ainsi découvrir différentes pièces lui ayant appartenus (costumes, veste, sacs, chaussures, chapeaux) prêtées par le musée Galliera – musée de la Mode de la Ville de Paris. On pourra également voir, sa veste Hermès qui porte ses décorations (Légion d’Honneur et médaille de la Résistance avec rosette).
Cette exposition apporte aussi quelques précisions sur sa relation avec Jean Moulin qui « est compliquée, elle-même ne veut pas rompre avec Géraldy tandis que Moulin est amoureux d’une autre femme, mais jusqu’à son départ en Angleterre en octobre 1941, Antoinette est sa compagne et sa collaboratrice fidèle… Libres l’un vis-à-vis de l’autre, ils étaient profondément heureux ensemble ».
Ami intime de Jean Moulin, résistante, elle a été agent clandestin au sein du réseau Gilbert (réseau d’évasion vers la Suisse du colonel Groussard) et capitaine des Forces françaises combattantes. A la libération, elle se fera enquêtrice avec Laure Moulin pour que la lumière soit faite sur les arrestations de Caluire. Le seul qui a réussi à s’échapper et qui n’était pas invité ce jour là René Hardy sera jugé deux fois (1947 et 1950). Brillamment défendu par Maurice Garçon, le tribunal militaire de la Seine l’absout à la minorité de faveur.
Elle a reçu la Médaille de la Résistance avec rosette (1945). Elle est Chevalier de la Légion d’Honneur en 1949 son diplôme est signé par le président Vincent Auriol et le général Darius Bloch Dassault. Elle a été promue grand officier en 1982 par François Mitterrand.
Elle est à l’origine du Musée Jean Moulin, car « après-guerre, toute son action tourne autour de Jean Moulin, chef de la résistance, qu’elle a assisté clandestinement. » Elle a légué toute sa fortune et ses collections à la Ville de Paris par un testament olographe du 30 mars 1983, accepté par le Conseil de Paris en décembre 1987 pour que ce Musée existe. Il a été inauguré le 3 septembre 1994.
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A suivre en vidéo : Antoinette Sasse Mécène, production : Les Nautes de Paris
Questions aux commissaires de l’exposition : Christine Levisse-Touzé directrice et conservateur général du Musée du général Leclerc et de la Libération de Paris – Musée Jean Moulin, directeur de recherches à Paris IV Sorbonne
Et à Dominique Veillon, historienne, directeur de recherche honoraire au CNRS, membre du conseil scientifique du musée
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