« Le discours répandu depuis plus d’un siècle voudrait que la France n’ait pu gagner la guerre de 1914-1918 sans ses colonies, que cette contribution serait ignorée et même cachée, que les troupes indigènes auraient été sacrifiées pour préserver des vies françaises.«
Du 6 avril au 30 décembre 2024, le musée de la Grande Guerre à Meaux avec l’exposition :
« Combattre loin de chez soi, l’Empire colonial français dans la Grande Guerre, »
nous offre une approche mesurée de la première guerre mondiale.
Elle fournit des réponses et témoigne avec l’ouvrage qui accompagne cet évènement et qui offre de précieuses informations complémentaires (In Fine, éditions d’art, 2024).
Ayant adopté une démarche pluridisciplinaire, l’exposition offre des clés pour comprendre les enjeux des récits historiques au cœur de cette présentation qui puise dans les collections du musée, notamment du côté des tenues à retrouver également dans le parcours permanent.
Nous pouvons remonter le temps, en retrouvant la diversité des costumes issus de la collection de Jean-Pierre Verney. Cette collection a été acquise en 2005 par la communauté d’agglomération du pays de Meaux, présidée par Jean-François Copé ; collection à l’origine de la création du musée qui a ouvert le 11 novembre 2011.
Une partie ludique est prévue afin de captiver les plus jeunes et leurs accompagnateurs.
Pour les enfants, à partir de 10 ans, ils retrouveront tout au long du parcours quatre personnages.
Ils pourront se familiariser avec le vocabulaire de la guerre et reconstituer les uniformes des troupes coloniales en manipulant de gros cubes.
Sont mis en lumière des portraits de certains acteurs comme :
Blaise Diagne, député du Sénégal premier noir africain élu à la Chambre des députés en 1914. Il sera missionné par Georges Clémenceau pour une campagne active de recrutement. Mais, il déplorera que certaines « promesses faites aux incorporés n’ont pas toutes été honorées : par exemple l’accès à la citoyenneté française ne concernera qu’une poignée d’hommes. »
La guerre, un affrontement médiatisé. La photo raconte l’histoire des troupes
Des données scientifiques, des documents officiels ainsi que des photographies, gravures, affiches accompagnent le parcours.
Les troupes de l’Armée d’Afrique au combat
24 octobre 1916, les hommes du Régiment d’infanterie coloniale du Maroc (RICM), les tirailleurs sénégalais et somalis, le 4e Régiment mixte des zouaves et tirailleurs (4e RMZT) et le 321e Régiment d’infanterie (321e RI-38e DI) reprennent le fort de Douaumont, perdu en février. Lucien Jonas, 1916.
Le 10 juin 1917 était organisée une journée de levée de fonds pour « des œuvres de bienfaisance en faveur de l’Armée d’Afrique et des troupes coloniales« . Pour la tombola 10 millions de billets seront émis.
L’humour n’est pas oublié.
L’image du soldat souriant rassure concernant le tirailleur sénégalais
Elle contrebalance l’image du combattant féroce qui a fait fuir l’ennemi. C’est le succès du célèbre « Y’a bon Banania » de Giacomo de Andreis.
Un état des lieux plante le décors à la veille du conflit, mais aussi après le conflit avec l’exposition coloniale, les cérémonies de commémoration, du souvenirs, les pensions militaires, le droit à réparation…
Entre 1914 et 1918, 600 000 indigènes et européens installés aux colonies vont combattre là où intervient l’armée française, en Métropole, en Afrique, dans les Dardanelles.
Les colonies fournissent denrées et matières premières ainsi qu’un contingent de 200 000 travailleurs qui répondra aux besoins de la production de guerre, œuvrant dans les usines, les mines, les ateliers, les champs. Ainsi les indochinois et pékinois seront enrôlés dans les bataillons d’étapes dédiés à l’entretien des voies, à l’acheminement du matériel et se verront confier des missions dans les formations sanitaires.
Le Musée rue Lazare Ponticelli, à Meaux est ouvert tous les jours sauf le mardi, de 9h30 à 18h. il est fermé le 1er janvier, le 1er mai, le 25 décembre et du 19 août au 6 septembre. Depuis Paris, il est desservi en transilien par la gare de l’Est. A Meaux, vous trouverez la navette gratuite ou les bus G. S. R. Prix unique pour tout le musée : 10 euros et tarifs réduits à partir de 5 euros.
Le musée est gratuit tous les 1ers dimanches du mois ; infos sur www.museedelagrandeguerre.com
A voir à l’extérieur, jusqu’au 19 août 2024, une exposition de photographies :
Soldats sportifs; pratiques sportives dans l’armée de 1914 à nos jours