« Le champagne, les petites bulles toutes folles et brillantes, c’est l’euphorie, c’est la fête dorée, un moment de partage… se griser un peu, vivre la vie comme une fête, enlever de temps en temps ces nuages au-dessus de nos têtes… C’est du soleil pétillant…Vous voulez une coupe ? »
Michou, le ministre de la Nuit de la République de Montmartre nous emmène dans son univers. En juin 2016, il a fêté ses 85 ans et les 60 ans de son cabaret tout en restant fidèle à une unique boisson le champagne, sans doute la recette de sa longévité. De sa jeunesse amiénoise à sa vie rythmée jour après jour par son cabaret, il vient de mettre tout noir sur blanc avec le concours de François Soustre et Sylvain Dufour. Voici son parcours, ses choix, ses rencontres dans : « Michou, prince bleu de Montmartre ».
Sa grand-mère Elise lui a insufflé la joie de vivre, c’est dans ses jupes qu’il a grandi. Sa mère Lucienne lui a transmis le sens de la fête. Il nous précise que sa mère a chanté durant toute sa grossesse. « C’est sans doute pour ça que j’aime tant les chansons et l’accordéon. » Il nous raconte sa jeunesse, les années de guerre à Amiens, une ville qui a été durement touchée.
Michel Catty n’était pas très bon élève, sans diplôme, il s’est essayé à de nombreux métiers, sans trouver sa voie.
Il rêvait de Paris, « l’endroit de tous les possibles : vivre sa vie plus librement, aller dans les bars, rencontrer d’autres personnes comme moi, mais aussi trouver un travail… Faire la fête. » Il a gagné la capitale, vécu comme il le souhaitait.
Son séjour a été interrompu par son service militaire, mais en 1953, il est de retour.
Son admiration va à Tonton, Gaston Baheux, le patron du Liberty’s Bar qu’il considère alors comme le roi de Montmartre. Celui-ci a repris en 1940 l’établissement, 5 place Blanche, alors qu’il était démobilisé. Il accueillait de nombreux artistes confirmés ou débutants de Pauline Carton à Pierre Mondy. Amateurs d’art, il avait créé le groupe Rencontres facilitant les relations entre collectionneurs, marchands et artistes. Michel qui n’est pas encore devenu Michou apprécie ces rencontres insolites qui décloisonnent les arts et mélangent différents milieux. Il aimerait à son tour devenir patron.
En 1956, il fait deux rencontres qui vont marquer son destin, Denise qui tenait le Stop Bar place des Abbesses et Olga qui avait en gérance le bar de nuit de Mme Untel.
Le 13 juillet 1956, il ouvrait son établissement de nuit, 80 rue des Martyrs. La discothèque allait prendre le virage du spectacle transformiste à partir de 1968. Bon enfant à leurs débuts, les numéros sont devenus de plus en plus professionnels, avec une montée en puissance et un succès qui ne s’est jamais démenti.
Nous qui sommes allés à diverses reprises chez Michou, nous en avons appris un peu plus sur certaines de ses « Michettes », telle la ronde Hortensia « longue perruque blonde, lunette de soleil » qui nous avait fait hurler de rire lorsqu’elle était entrée avec son petit panier sur l’air de « Coquillages et crustacés » la célèbre chanson de Brigitte Bardot, celle que Michou interprétait au début du cabaret. Elle aura interprété ce personnage et d’autres les faisant évoluer au fil des spectacles et cela durant 30 ans !
Généreux, Michou organise une fois par mois un repas-spectacle pour les personnes de plus de 80 ans du quartier. Pourquoi a-t-il choisi le bleu comme couleur fétiche ? La réponse est dans son livre, à vous de la découvrir. Et surtout, si vous n’avez pas encore vu le spectacle, ne manquez pas une belle occasion de vous détendre sans complexe et de le rencontrer, car pas de spectacle sans Michou qui vous accueille. Alors comme tous ses amis lorsqu’il dira « Quelle belle soirée ! », vous répondrez « Youpi ! »
256 pages au format 14×22 cm, dos carré collé, avec un cahier de 16 pages de photos. Edité par le Cherche Midi, collection documents, 30 place d’Italie, Paris 13e. Imprimé par Normandie Roto impression SAS, Lonrai (61), en novembre. Prix : 18€