Histoire

Marc Lemonier : Les Nuits Immorales de Paris, 1930-1960

Chez Suzy Solidor, 12 rue Sainte-Anne. Elle qui préférait les femmes affichait ses préférences sexuelles. Elle chante Lily Marlène pendant l’Occupation. (Les archives d’Eros)

Pour ceux qui aiment parcourir Paris, de rue en rue, voici un ouvrage qui une fois lu permet de papillonner.

Entre les années 1930 et 1960, un univers en marge tissait une toile composée de maisons de rendez-vous, cabarets interlopes, bars à hôtesses, bals licencieux, strip-tease, bains, fumeries d’opium, dans un absolu mélange des genres, d’un quartier à l’autre, et du côté des « Hôtels aux cent mille secousses ».

Des nuits racontées par Francis Carco, Pierre Mac Orlan, photographiées et racontés par Brassaï.

Nous retrouvons dans l’ouvrage de Marc Lemonier « Les nuits immorales » qui vient de paraître, un Paris en quête d’inspiration, d’émotions fortes, de paradis artificiels et de sexe, au mépris des lois. 

Les revues nues du Concert Mayol, le célèbre Bain de la Parisienne au Tabarin, les strip-tease, tous les acteurs et actrices, les lieux de ces nuits d’ivresse sont évoqués ici ; les Amazones avec Natalie Clifford Barney rue Jacob, mais aussi Frede, Moune, Suzy Solidor La garçonne.

Tonton à Montmartre, sa boîte homosexuelle le Liberty’s (jusqu’en 1957) est installée à l’angle de la rue de Bruxelles, place Blanche. Un lieu fréquenté par Michou à son arrivée à Paris. 

37, rue Beauregard, nous voici Dans l’antre de Michel Simon que nous avons connu, pornographe et actif collectionneur d’erotica et curiosa, de photos comme celle-ci composée par Serge Kirilenko. (Les Archives d’Eros)

La pègre, les petits et grands truands, les femmes soumises, demi-mondaines et clients, quelques collectionneurs célèbres comme Michel Simon…

Nous remontons le temps, d’un établissement à l’autre. Sans oublier ce qui irrigue ces commerces de loisirs et de plaisirs immoraux.

Le quartier de la presse est entre la rue de Réaumur et la rue du Croissant.

Notamment La Vie parisienne s’est mise à la grivoiserie. 

Détective est racheté, en 1928, par Antoine Gallimard et dirigé par Kessel. Parmi ses journalistes et enquêteurs l’avocat Maurice Garçon et le futur Simenon. Le journal enquêtait du côté des instituts de beauté, des hôtesses de bar, des maisons de rendez-vous, auprès de ces jeunes femmes qui se mettent nues et font le trottoir.

L’évocation de films comme Irma la Douce a brossé le portrait de la putain au grand cœur; une image romantique qui séduit.

Je suis née dans le faubourg Saint Denis chantait la Miss. (doc. Les Nautes de Paris)

Correspondre en tout anonymat c’est ce que propose la poste restante privée. Un circuit parallèle, qui reçoit, remet, réexpédie les courriers privés en toute discrétion.

Les journaux s’ouvrent aux petites annonces qui dissimule des activités tarifées.

L’édition licencieuse, érotique, pornographique est interdite. On trouve cette littérature chez quelques libraires avenantes en arrière-cour ou par correspondance.

Les détectives privés à l’image de Nestor Burma, personnage créé par Léo Malet traquent les couples illégitimes.

La brigade des Mœurs veille, 36 quai des orfèvres. Créée en 1914, pour « lutter contre le libertinage, la prostitution et autres comportements déviants », ses agents sont surnommés les traqueurs de pissotières. Elle prendra le nom de Brigade Mondaine.

Pigalle, univers de la pègre avec la traite des blanches, les toxicomanes, les artistes, les marginaux, l’arnaque au bouchon dans ses bars à hôtesses, l’escroquerie du plaisir. (ill. Aymon de Lestrange/Bridgeman Images)

Razzia sur la Chnouf de Henri Decoin (1958) évoque les rafles et les infiltrations, le célèbre panier à salades remplacé par le fourgon Citroën en 1948 et bien sûr Saint-Lazare la prison des femmes, rue du faubourg Saint-Denis.

La fermeture des maisons closes par la loi du 13 avril 1946 avait transformé le paysage qui s’était tourné vers la clandestinité.

160 pages au format 20×28 cm, broché avec rabats 
Edition Parigramme/Compagnie parisienne du livre, octobre 2021 
Direction éditoriale : François Besse – Suivi éditorial : Mathilde Kressmann 
Relecture : Marine Bastide et Fabienne Texier-Pinson 
Direction artistique et réalisation : Isabelle Chemin

Photogravure : Fotimprim, Paris. Prix : 19,90 euros etc

Les Nautes de Paris vous propose de retrouver Suzy Solidor sur une vidéo sur youtube

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