Mercredi 4 avril 2018. Bruno Barbey vient d’être installé au sein de la section photographie, la section VIII de l’Académie des beaux-arts, au siège n°3 créé par décret du 23 décembre 2015. Yann Artus Bertrand occupe le fauteuil n°2, depuis 2006 et Sebastiao Salgado a succédé, en 2016, au fauteuil n°1 à Lucien Clergue décédé en 2014. Les voici réunis, ci-dessus pour ce moment historique (photo © Académie des beaux-arts / J. Agnel).
Jean Gaumy sera à son tour installé dans le fauteuil n°4 à l’automne.
Les discours sous la Coupole du Palais de l’Institut de France ont été entrecoupés de séquences musicales. L’altiste Gérard Caussé a interprété des œuvres de Jean-Sébastien Bach avec son alto Gasparo de Salo de 1560.
L’architecte Alain Charles Perrot de l’Académie des beaux-arts a prononcé le discours d’installation du photographe Bruno Barbey.
Il nous a brossé le parcours personnel et professionnel, notamment « un reportage en noir et blanc, à travers l’Italie entre 1961 et 1964. Ce travail soutenu par Robert Delpire, lui a permis de rencontrer Marc Riboud et Henri Cartier Bresson et d’être ainsi coopté à l’agence Magnum dès 25 ans. » Il sera président de Magnum international de 1992 à 1995.
En 1965, il est au Brésil, un reportage commandé par Edmonde Charles-Roux directrice de Vogue. Il va alors quitter le noir et blanc pour la pellicule couleur Kodachrome, et confiera ses films au personnel d’Air France qui fait des vols quotidiens pour Rio sur Concorde.
D’un continent à l’autre, « Vous chercherez, tout au long de votre vie, d’être le témoin de notre temps (…) Vous êtes un photographe au long cours, un baroudeur mais pas à la recherche du scoop .»
Bruno Barbey a évoqué les débuts de la photo avec Niepce puis avec Daguerre et sa camera obscura « dès 1840, la majorité des innombrables peintres miniaturistes devinrent- d’abord accessoirement et bientôt exclusivement-photographes professionnels. » Avec l’essor de cette nouvelle profession « On assista à un brusque déclin du goût. C’était l’époque où les albums de photographies commençaient à se remplir… »
Il a rappelé que Jean Noël Jeanneney qui allait lui remettre son épée, quelques instants plus tard, a présidé pendant des années les Rencontres d’Arles fondées par Lucien Clergue, premier photographe entré à l’Académie des beaux-arts.
Il a travaillé en argentique et souligné que: « l’amélioration constante de la qualité technique des prises de vue, indépendamment de la compétence de l’utilisateur, s’est traduite par la prise de milliards de photos que presque personne ne regarde et qui finissent oubliées et abandonnées comme les emballages en plastique dans l’Océan Pacifique. »
Le photographe a insisté sur le fait que « La photographie est le seul des beaux-arts dont le champ d’application s’étend à l’univers tout entier, des galaxies au fond des océans.
Il est le seul, tel que je l’ai pratiqué avec quelques-uns de mes confrères, qui exige un engagement total et l’acceptation de la mise en jeu de l’existence. »
Vous pourrez retrouver son discours intégral sur le site de l’Académie.
Son épée d’académicien est une épée napoléonienne modifiée par Gilles Brusset, artiste plasticien et architecte paysagiste, en collaboration avec le maître fourbisseur Mdc Pintus Sylvain. Le Pommeau, œil de l’épée figure le symbole optique de la camera obscura avec son image renversée, sur la garde : un dauphin et un albatros, sur la lame : la devise Semper fidelis.
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