Nos pas nous mènent aujourd’hui au 43 avenue de Villiers, dans un hôtel particulier devenu un musée-atelier à découvrir. Nous voici transportés à la fin du XIXe siècle. Emile Zola avait choisi d’y faire vivre l’héroïne de son roman Nana. Mais ce n’est pas d’elle dont il s’agit aujourd’hui.
A l’époque, le propriétaire, le peintre Guillaume Dubufe y organisait des réceptions évoquées ici avec les fantômes de la danseuse Loïe Fuller, du réalisateur Mélies ou encore de l’actrice Sarah Bernhardt, de la Comtesse Kessler, du peintre Jean-Jacques Henner à qui le lieu est désormais dédié. Le luxe et l’originalité de son jardin d’hiver avait été décrit dans la presse de l’époque et faisait rêver.
Depuis le mercredi 5 juin 2019 et jusqu’au 23 septembre 2019, le musée national Jean Jacques Henner présente Fantasmagories, le travail créatif de Demian Majcen diplômé des beaux-arts, troisième artiste en résidence. Celui-ci a choisi de nous transporter à la période de Guillaume Dubufe parmi les invités que nous avons évoqués. Cette maison-atelier est devenue, depuis 1924, le musée Jean-Jacques Henner.
Les fantômes des personnages qui s’y sont croisés sont revenus sous la forme de marionnettes qui ont été installées d’une pièce à l’autre dans de petites vitrines. Ces marionnettes sont les acteurs du film Les ombres illustres projeté en continu dans le jardin d’hiver.
Revenons sur l’histoire du bâtiment
Cet hôtel particulier, a été construit par Nicolas-Félix Escalier pour le peintre Robert Jourdain 1875-1878. L’architecte a également construit l’hôtel particulier de Sarah Bernhardt, 35 rue Fortuny.
Acheté en 1878 par Guillaume Dubufe, celui-ci va le transformer (1878-1909) et notamment le rehausser avec deux grands ateliers d’artistes en double hauteur, mais aussi en créant au rez-de chaussée côté cour, un jardin d’hiver sous une verrière.
En 1921, Marie Henner veuve du neveu de Henner l’achète aux héritiers de Guillaume Dubufe.
Son projet est alors d’en faire un musée qu’elle va donner à l’état pour y présenter les œuvres de son oncle. 1922-1923, Marcel Legendre et Charles Girault architecte du petit et du grand Palais font réaliser ces transformations. 1926, le mur séparant le salon du jardin d’hiver est remplacé par quatre colonnes.
Le musée ouvre en 1924. Le premier conservateur sera Many Benner, dernier élève de Jean-Jacques Henner. 1935, le bâtiment est surélevé de deux étages par André Ardvison. 1980, la verrière est modernisée. 2009, l’agence Bodin et associés met en place les normes de sécurité avec un ascenseur. 2014-2016, de nouveaux travaux réalisés par Sylvie Jodar doublent la capacité d’accueil et s’accompagnent du ravalement sur l’avenue de Villiers.
L’atelier de Jean-Jacques Henner était au 11, place Pigalle.
Des objets familiers comme sa palette chargée de couleurs, un chevalet, sa mappemonde, son bureau, des banquettes, des meubles de rangement, ses objets de collection ont été transportés avenue de Villiers et réinstallés avec notamment dans l’atelier de nombreux travaux préparatoires et la grande toile des Naïades réalisée pour M et Mme Soyer, 43 faubourg Saint Honoré, une œuvre qui a été rachetée par le musée.
Nous n’avons pas parlé du fait qu’il était Alsacien et auteur du tableau L’Alsace, elle attend (1871), ni du grand prix de Rome ni de son séjour à la Villa Médicis… Nous vous laissons découvrir cela et bien d’autres choses en vous rendant sur place, entre 11h et 18h, sauf le mardi et certains jours fériés. Nocturne jusqu’à 21h le 2e jeudi du mois. (Tarif : 6 euros, tarif réduit: 4 euros)
Ce musée a longtemps été le seul de l’arrondissement mais désormais, le 17earrondissement abrite également un musée d’un autre type, celui de la banque. La Cité de l’économie et de la monnaie ou Citéco a été inauguré le 15 mai 2019, place du général Catroux.