A quelques pas de Notre-Dame et du Palais de Justice, voici un lieu magique pour ceux qui aiment découvrir autrement Paris. Les allées du marché aux fleurs (ouvert tous les jours) offrent la vision d’un jardin extraordinaire dont malheureusement les abris bicentenaires rongés par le temps donnent une impression d’abandon. Un contraste qui a de quoi inquiéter ses actuels locataires.
Retour sur quelques moments de son histoire
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Dans l’Ile de la Cité, le quai Desaix est aménagé de juillet 1800 à 1806, le terrain voisin est donné à la ville qui y installe le marché aux fleurs.
Inauguré le 16 août 1809, il formait alors un rectangle allongé planté d’arbres, avec deux fontaines réalisées par Jacques Molinos. Il ne reste, à Paris, qu’une fontaine dite de Molinos, au 70 rue de la Roquette.
1824, sur le quai de Corse, face au marché aux fleurs, Pierre Parissot crée le grand magasin « La Belle Jardinière ». Il propose un nouveau concept de vente : des vêtements neufs à prix fixe car la machine à coudre vient d’être inventée. Exproprié en 1866, pour la construction de l’actuel Hôtel Dieu, il gagnera la rive droite et le quai de la Mégisserie, où se trouvent les boutiques des horticulteurs comme Vilmorin et Andrieux (depuis 1743).
De 1840 à 1843, le marché qui a lieu alors, le mercredi et le samedi s’étend jusqu’à la rue de la Barillerie devenue le boulevard du Palais. Il est doté d’une dalle de béton, d’une bordure en granit. Ses bassins sont reconstruits et connectés aux égouts.
Les fleuristes et bouquetières
Au XIXe siècle à Paris, il existait plusieurs marchés aux fleurs ouvert, d’autres jours de la semaine.
Ainsi, grossistes, particuliers, bouquetières et fleuristes pouvaient se procurer des fleurs cultivées par les horticulteurs auprès des différents marchés : à la Madeleine, boulevard Saint-Martin près de la Porte Saint-Martin, place des Ternes ou à la Cité.
Le marché de l’île de la Cité fut réorganisé lors de la création du Tribunal de Commerce, de 1860 à 1865. En 1873, on inaugurait un marché désormais, installé sous des abris en fer et en fonte ; six pavillons construits par la maison André et Fleury pour la somme forfaitaire de 40.000 francs et équipé de fontaines Wallace. Il était bordé par le quai de Corse et s’étendait entre la préfecture de Police, l’Hôtel Dieu et le Tribunal de Commerce.
Le marché aux oiseaux
Actuellement le dimanche, l’allée centrale Célestin-Hennion devient le marché aux oiseaux. Créé en 1861 dans la cour du Marché Saint-Martin. Il a été transféré ici, sur le quai en 1881. Rappelons que lorsqu’un roi de France faisait son entrée solennelle dans Paris, il passait par le pont au Change. Lorsqu’il mettait pied à terre devant le grand Châtelet, les jurés oiseliers lâchaient des oiseaux captifs afin de rappeler au roi qu’il devait accorder la liberté à des prisonniers. Depuis le XVe siècle des oiseaux comme les serins, les canaris et/ou les perruches étaient élevés en cage et dans les volières par les oiseliers.
En 1906, sous le marché aux fleurs, lors de la construction du métro, des vestiges gallo-romains furent découverts, ainsi que l’ancien quai. La station Cité, à 20 mètre de profondeur fut ouverte en 1910. Elle possédait initialement un accès à la préfecture de Police et un autre dans la cour du Palais de Justice. Le temps s’est écoulé…
Le 7 juin 2014, à l’occasion des commémorations du 70e anniversaire du Débarquement, la Reine d’Angleterre, amoureuse de notre marché aux fleurs, qu’elle avait découvert en 1948, s’y est rendu le dernier jour de sa visite en France et, elle y a dévoilé une plaque, la Mairie de Paris ayant choisi de le rebaptiser : « marché aux fleurs Reine Elizabeth II »…
Un nouveau baptême pour une renaissance ou une fin annoncée ?
A voir, la vidéo sur le marché aux fleurs
Documents et photos : Dominique Germond
Partitions : Le temps des chansons
Production de la vidéo : Les Nautes de Paris, Dominique Germond