Sur le modèle du cable-car mis en service en 1873 à San Francisco, de 1891 à 1924, Belleville a eu son funiculaire.
La ligne va être tracée sur
le parcours de
la rue du faubourg du Temple
et de la rue de Belleville.
De la place de la République à l’église Saint Jean Baptiste de Belleville, il parcourait ses 2044 mètres en une quinzaine de minutes, de 5h du matin à minuit et demi, avec un départ toutes les onze minutes de 5h à 6h, puis toutes les six minutes.
Pas de 1ère ni de 2e classe, un tarif unique à 10 centimes. Mais, aux heures d’entrée et de sortie des ateliers, on ne payait que 5 centimes…
Déclaré d’utilité publique dès 1889, contre l’avis de la Compagnie Générale des Omnibus, l’ingénieur Fulgence Bienvenue, futur père du métro, assisté de Lefebvre réalisera les travaux en six mois. La mise en service aura lieu le 25 août 1891.
Belleville n’est pas aux Etats-Unis. Une seule voie était possible d’un écartement de 1 mètre avec différents dénivelés. Pour affronter ce tracé étroit dans des rues de 7 mètres de large, tortueuses et à forte déclivité, un câble sans fin au cœur en chanvre renforcé par six torons en fil d’acier (longueur : 4,2 kms ; poids : 12,6 t) était tout indiqué.
Un caniveau axial ne laissait apparaître qu’une rainure de 29 millimètres sur la chaussée, alors que le câble montant et le câble descendant passaient sous la chaussée dans un U. Le câble était supporté tout au long de son parcours par un système comprenant 521 poulies de roulement et de guidage.
Cinq points de croisement étaient aménagés sur le parcours. Quatre étaient d’une longueur de 18 mètres : au dessus du canal Saint Martin, au croisement de l’avenue Parmentier, du boulevard de Belleville, de la rue Julien La Croix. Le cinquième au croisement de la rue des Pyrénées faisait 60 mètres car il se raccordait au dépôt du 101 rue de Belleville (angle rue Mélingue) où se trouvaient deux machines à vapeur de 50 chevaux, dont une de dépannage, afin de l’alimenter en énergie.
De plus un évitement était aménagé, à chaque extrémité du parcours.
Les 21 premières voitures faisaient cinq mètres de long et 1,6 mètre de large. Chacune transportait 22 passagers, cinq sur chacune des plateformes et douze sur les deux banquettes en long qui se faisaient face. Le conducteur attrapait le câble avec une pince débrayable, un grip, qui serrait le câble montant ou descendant. Celui-ci entrait en mouvement à une vitesse moyenne de 12 kilomètres. Pour arrêter la voiture, il lâchait le grip, serrait le frein à main et disposait aussi d’un frein à patins sur rails et de sablières.
A ses débuts, le bruit de la trompe qui l’annonçait effrayait les chevaux. Les charrettes lentes à se dégager étaient souvent accrochées voire percutées. Le 6 janvier 1906, une rupture de grip le faisait dévaler à toute vitesse et dérailler dans le faubourg du Temple ; bilan 17 blessés. On signale deux collisions graves, une en 1907, l’autre en 1909, et en janvier 1914, une nouvelle rupture de câble qui faisait 14 blessés.
En 1895, 4,5 millions de voyageurs étaient transportés et on passait d’une voiture à deux voitures d’une capacité de 57 personnes. En 1902, le trafic annuel dépassera les 5 millions de voyageurs. Le 31 mai 1910, la ville reprend la ligne qui sera remise à niveau à la fin de la guerre puis arrêtée en 1924 et remplacée par un bus « BF » de la STCRP puis par la ligne 11 du métro de la CMP, prolongée de part et d’autre du trajet initial du funiculaire.
Seule subsiste sur le parcours cette trace à l’emplacement du bâtiment où se trouvait la machine à vapeur permettant d’actionner le câble.
Vous pourrez le découvrir sur la vidéo, en repérant l’écusson de la ville :
Nous voici à l’autre bout du parcours. Maintenant redescendons avec le film préparé par Dominique, imaginons-nous conduisant le funiculaire à 12 km/h.
Photos et vidéo : Dominique Germond
Production : Les Nautes de Paris
Documents : Les Nautes de Paris.
jean boyadjoglou
Comment posted on 7-7-2018renseignements très passionnants …. Je suis passionné de tous ces anciens moyens de transports tellement utiles à leur époque; à remarquer : les horaires et les fréquences de passage….