Giovanni Paisiello, Antonio Salieri, Gioachino Rossini, des notes de ces trois compositeurs italiens qui ont été membres de l’Académie des beaux-arts retentissaient le mercredi 23 octobre 2024, dans l’auditorium André et Liliane Bettencourt du Palais de l’Institut de France (architecte : l’académicien Marc Barani).
Dans la continuité des concerts d’un fauteuil*, à l’initiative du secrétaire perpétuel Laurent Petitgirard, nous avons parcouru de nouvelles pages de l’histoire de la composition musicale écrites par trois membres associés étrangers de l’Académie des beaux-arts qui réunit 16 membres.
L’Académicien William Christie claveciniste, chef d’orchestre, musicologue et enseignant, membre libre de l’Académie des beaux-art (depuis 2008), fondateur et directeur de l’ensemble les Arts Florissants, créé en 1979 avait préparé le programme du concert.
Cet orchestre révèle, fait découvrir, redonne vie à l’esprit baroque par la musique des XVIIe et XVIIIe siècle. Les Arts florissants sont devenus une fondation qui mêle patrimoine, jardins** et musique baroque.
Trois compositeurs italiens en partie du XVIIIe siècle : Giovanni Paisiello, Antonio Salieri et Gioachino Rossini étaient ce soir là au programme du concert car :
« coule toujours dans leurs veines la sève de cet art du Grand Siècle et des Lumières que j’ai défendu toute ma vie, » précisait William Christie.
Au programme : Nina, osia la Pazza (1789, Caserte), ouverture et extraits : aria et duo de Paisiello ; La finta scema (1775, Vienne) extrait l’Aria de Salieri ; deux Duos de Rossini Il Turco in Italia (1814, Milan), La Cenerentola (1817, Rome) ainsi qu’un Quartette Tancredi (1813, Venise).
Le programme débutait avec l’ouverture de Giovanni Paisiello pour : Nina, o Sia La pazza per amore (1789, Belvédère de San Leucio, Caserte) inspirée de l’œuvre de Nicolas Dalayrac : Nina ou la Folle par amour, sur un livret de Benoît-Joseph Marsollier présenté à l’Opéra-comique de Paris en 1786. Le livret sera traduit en italien et adapté. Il inspirera à Paisiello son opéra-comique dans lequel il a introduit le chant d’un berger accompagné d’une zampogna (ancienne cornemuse italienne).
ANTONIO SALIERI
Antonio Salieri (1750-1825) membre associé étranger élu dans cette section de l’Académie des beaux-arts en 1805 au fauteuil n°5 précédemment occupé par le compositeur Pietro Guglielmi (1728-1804). Né à Venise et mort à Vienne. Il a été musicien viennois durant 57 ans, compositeur de la cour de Joseph II, directeur musical des théâtres impériaux, maître de chapelle de l’Empereur, maître de chapelle de l’opéra italien. Il a composé 350 œuvres, plus de 40 opéras comiques, lyriques et sérieux. Il a fait une carrière européenne : Venise, Vienne, Paris, Munich, écrivant en français, allemand et italien.
Il a été accusé d’avoir empoisonné Mozart ; une rumeur qui a couru confortée par une pièce de Pouchkine parue dès 1830. Rumeur reprise fin XXe siècle par le film de Milos Forman Amadeus.
Beethoven, Meyerbeer, Schubert, le jeune Frantz Litz (âgé de 11 ans) ont été ses élèves. Formé par Gassman, il a eu pour amis Gluck et Haydn dirigeant son œuvre La Création en 1808.
GIOVANNI PASIELLO
Giovanni Paisiello (1740-1816), membre associé étranger élu au fauteuil n°6 dans cette section de l’Académie des beaux-arts, en 1809. Il a succède à Joseph Haydn (1732-1809) qui avait été le premier compositeur associé étranger à entrer à l’Académie en 1801.
Connu pour ses Opéras. Son point d’attache sera Naples où il arrive à 14 ans. Il y présentera ses premières créations allant à Modène, Bologne, Parme, Venise. Paisiello en écrira plus de 90, surtout des opéras « Bouffe ».
Invité par l’impératrice Catherine II à Saint Petersbourg , il y séjourne de 1776 à 1784. Il y crée en 1782 « le Barbier de Séville » qui aura un grand succès balayé par celui de Rossini (1816). Il passera par Vienne.
1802, il devient le compositeur favori du consul Napoléon Bonaparte et écrira pour le sacre de l’Empereur. De retour à Naples, avec Joseph Bonaparte et Murat, il tombera en disgrâce à la restauration des Bourbons.
Nina, o sia la pazza per amore (1789, Belvédère de San Leucio, Caserte) de Giovanni Paisiello est inspiré de l’œuvre de Nicolas Dalayrac présenté à l’Opéra comique de Paris en 1786. Le livret avait été traduit en italien et adapté. L’interprétation italienne va inspirer son opéra à Passiello. Il introduit un chant de berger qui s’accompagne de la zompogna (ancienne cornemuse italienne).
GIOACHINO ROSSINI
Gioachino Rossini (1792-1868), membre associé étranger élu au fauteuil n°6 dans cette section de l’Académie des beaux-arts, Il succéde en 1923 à Paisiello. Fils d’un musicien d’orchestre et d’une chanteuse de troupes d’opéras forains.
En 1810 à Venise, il donne son premier opéra, suivi en 1813 du succès de : Tancrede inspiré de Voltaire, du Barbier de Séville (1816, Rome), de Cendrillon inspirée de Perrault (1817, Rome). Il voyage, Vienne, Londres, Paris.
1823, il est à la cour de Charles X, comme directeur du théâtre royal italien, intendant de la musique royale (compositeur), inspecteur général du chant. 1829, Guillaume Tell sera son dernier opéra bouffe.
Rossini habitera à Paris, Boulevard Montmartre, à l’hôtel Ronceray, de 1828 à 1832. Pour son départ la foule s’était rassemblée devant l’hôtel qui a été remplacé par le grand hôtel de la Terrasse Jouffroy (Best Western Hotel, aujourd’hui), à l’entrée du passage Jouffroy (construit de 1845 et 1846 et inauguré en 1847). Après la révolution de 1830, Rossini qui s’est tourné vers des œuvres religieuses, part en Italie de 1836 à 1848 puis reviendra en France en 1855. Le musicien bon vivant, gastronome, amateur de plats en sauce, admirateur de Carême, mourra à Passy. Le tournedos Rossini (sauce aux truffes et foie gras) a été créé à sa demande par Casimir Moisson le chef de la Maison dorée sur le boulevard des Italiens où Rossini avait sa table. Il l’aurait fait servir dans le dos des clients, la recette n’était pas encore à la carte…
*Après une série de concerts d’un fauteuil, l’Académie des beaux-arts, selon le souhait du secrétaire perpétuel Laurent Petitgirard proposait une première évocation de trois membres étrangers le 24 mai 2023, il avait peaufiné un programme qui réunissait : Verdi, Chostakovic et Brahms, auxquels viennent de succéder les trois compositeurs du concert du 23 octobre 2024.
**William Christie est né le 19 décembre 1944 à Buffalo aux États-Unis. Il a été naturalisé français en 1995. En 1985 à Thiré en Vendée où il s’est installé, il va, progressivement, créer un jardin de 12 hectares inspiré des jardins italiens et français des XVIIe et XVIIIe siècles . Il est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques (2006). Il avait reçu le label « Jardin remarquable » (2004).
En 2012, s’y déroulait le premier festival d’été : « Dans Les Jardins de William Christie ». La création, les concerts, les représentations, les festivals sont au cœur de la diffusion et de la transmission, liés aux programmes proposés par les Arts Florissants et à leurs tournées internationales. En 2017, à Thiré, était créée la Fondation William Christie-Les Arts Florissants. En 2018, il a donné tout son patrimoine à la fondation. En 2024-2025, La tournée de son 80e anniversaire réserve de nombreuses surprises comme ce concert pour l’Académie des beaux-arts, avec un catalogue pour les collectionneurs et amateurs de musique italienne et des Arts Florissants.