Ernest Pignon-Ernest a été élu le 24 novembre 2021 au fauteuil VII de la section de peinture de l’Académie des beaux-arts, précédemment occupé par Vladimir Veličković auquel l’Académie a rendu hommage, avec une exposition au Pavillon Comtesse de Caen, durant l’été 2023. Il avait succédé en 2005 à Bernard Buffet.
Le 8 novembre 2023 sous la Coupole de l’Institut de France, le nouvel Académicien a été installé par son confrère de la section des membres libres, Adrien Goetz. Directeur, depuis 2017, de la bibliothèque et de la Villa Marmottan (Boulogne-Billancourt), vice-président de l’Académie pour 2023.
Son confrère1 l’avait découvert en Italie dans les rues de Naples, où en 1988 et 1995, influencé par les peintres italiens et surtout Caravage, il a affiché plusieurs dessins ainsi que des citations du Caravage.
Artiste plasticien, dessinateur, Ernest Pignon-Ernest pionnier de l’art de la rue, il intervient dans l’espace public, lieu d’art éphémère, depuis les années 1960.
Il a un atelier à La cité d’artistes La Ruche (Paris 15e) depuis 1973.
Il ne dessine pas directement sur les murs. Il n’est pas graffeur. Il utilise la lumière des pierres pour éclairer ses collages. Il aime la couleur de la nuit. Ses œuvres mûrissent dans son esprit. Elles sont préparées avec soin dans son atelier avant d’être réalisées au fusain, à la pierre noire et à l’aide de gommes crantées.
Ses représentations humaines sont reproduites en sérigraphie et collées sur les murs des villes du monde entier.
Quarante ans après son assassinat, Il a réalisé en 2015, Pier Paolo Pasolini « Si je reviens », une Pieta profane à partir des photos de la police ; un portrait du réalisateur assassiné collé dans les lieux où celui-ci a vécu. Parce qu’ainsi que le précisait Adrien Goetz « Les morts peuvent revenir dans les lieux où on a parlé d’eux. »
Nous avons découvert en 2015, au salon Drawing Now, au Carreau du Temple, un rare dessin encadré d’Ernest Pignon-Ernest car l’artiste dessine en fonction du contexte du lieu sur de grandes feuilles pour ensuite le coller sur un mur dans les rues. « Dessin derrière la vitre » reproduit en plusieurs exemplaires a été ensuite installé dans des cabines téléphoniques qui servent d’abris aux sans domicile. (galerie Lelong et exposition « Le dessin engagé »)
Il a dénoncé, illustré et collé, mis sous nos yeux qu’il souhaite grands ouverts, les drames de l’histoire et de la société, comme les morts de La Commune sur les marches du Sacré-Cœur ; les drames de notre temps, parmi lesquels, les missiles nucléaires dans le Vaucluse ; l’Apartheid en Afrique du Sud ; les expulsions qui ont permis de rénover les villes, à Nice comme à Paris ; les enfants morts du Sida à Soweto… Des épisodes passés et à venir…
Son célèbre portrait d’Arthur Rimbaud est dans tous les esprits, 400 exemplaires collés entre Charleville-Mézières et Paris.
Il y a eu l’hommage d’Ernest Pignon-Ernest à son prédécesseur commençant par ces mots : « Je crois à une forme de sacré… « 1
Le clarinettiste et compositeur de Jazz Louis Sclavis avait préparé et écrit un morceau spécialement inspiré des travaux de l’artiste dans les rues de Naples.
La remise de l’épée par Sophie Nauleau, écrivain, directrice artistique du Printemps des Poètes a été un moment fort en émotion.
Né en 1942 à Nice en référence à la déesse grecque Niké, il a choisi pour son épée la représentation de la Samothrace symbole du petit port de Nikaia, devenu Nice. « J’ai souhaité pour mon épée rappeler cette référence à la déesse et à travers elle, à la Grèce, à la mer et à ces mythologies qui ont fondé ma culture méditerranéenne. Sur la garde j’ai gravé une phrase de Romain Gary. « L’homme sans mythologie de l’homme, c’est de la barbaque ». »
1-La cérémonie est à retrouver dans son intégralité sur la chaîne Youtube de l’Académie des beaux-arts