Le 15 avril 2019, une fumée jaune passait au-dessus de l’Institut de France. 19h, la fumée devenait dense et plus sombre. Venant de la rue Mazarine, Les Nautes de Paris gagnaient le pont des Arts. La foule se pressait. Nous nous interrogions. « Ce ne peut pas être Notre-Dame ? » Mais aucun doute n’était possible. Le feu gagnait en intensité. La flèche est tombée, peu avant 20h, amplifiant l’incendie de toute la toiture alimenté par la charpente médiévale en chêne qui laissait dégouliner du plomb dans l’édifice...
Un mauvais souvenir
Le 2 décembre 2024, à quelques jours de la réouverture de Notre-Dame de Paris, le président de l’Académie des beaux-arts Adrien Goetz proposait La Nuit de Notre-Dame.
Il est notamment l’auteur de Notre-Dame de l’Humanité (Grasset).
L’affiche de la Nuit de Notre-Dame, ci-dessus, a été réalisée par Catherine Meurisse.
Une réflexion en forme d’interrogation sur ce « que font les gargouilles et le Stige à la nuit tombée ? »
Les Nautes de Paris étaient donc conviés à un rendez-vous avec l’histoire en cette date symbolique, celle du sacre de Napoléon à Notre-Dame en présence du Pape, le 2 décembre 1804.
Le décor était planté. L’organiste Thierry Escaich, membre de la section de composition musicale de l’Académie des beaux-arts qui est un des quatre organistes titulaires du Grand Orgue de Notre-Dame faisait résonner sous la Coupole de l’Institut de France des variations et des improvisations sur la Marche du Sacre de Napoléon.
Il nous annonçait le réveil progressif du Grand Orgue (après le démontage en 2020 et le remontage achevé fin 2023) prévu le 7 décembre, lors de la veillée de prières conduite par l’Archevêque de Paris Mgr Laurent Ulrich.
Installé à 16 mètres de hauteur. Il est haut de 12 mètres. Il dispose de 5 claviers de 56 notes, un pédalier de 32 notes, 109 jeux, 111 registres et 7952 tuyaux.
Le secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts Laurent Petitgirard saluait les invités rappelant les deux nuits précédentes de l’Impressionnisme et du Droit.
Il remerciait son confrère compositeur Thierry Escaich saluant son improvisation sans la partition, à partir de bribes de la Marche du Sacre.
L’historien de l’art Barthélémy Jobert ancien président de l’université Paris-Sorbonne développa le thème des « Fêtes et fastes à Notre-Dame de Paris au fil des siècles », notamment le sacre de l’Empereur.
après avoir évoqué la présence de Notre-Dame dans des œuvres comme « La Liberté guidant le peuple » de Delacroix, ou sur des affiches comme celle du film « Paris brûle-t-il ? » de René Clément. Rapide tour des fêtes et fastes qui se sont succédés sous la nef, Te Deum, Magnificat, mariages, baptêmes et funérailles remplacés par des messes pour des hommages nationaux, lors du décès du Général de Gaulle et du président Georges Pompidou; était souligné que tous les ans s’y déroule la messe de rentrée des étudiants.
La cathédrale a toujours accompagné l’Histoire de France. Notre-Dame de Paris ne mérite-t-elle pas le titre de Notre-Dame de France ? La question a été posée.
Le père Jean-Robert Armogathe, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a évoqué pour nous les cultes de substitution qui se sont installés dans la cathédrale, notamment le« 20 Brumaire an II (10 novembre 1793), la Fête de la Liberté. Quand Notre-Dame n’était plus une cathédrale ». Il soulignait que cela avait commencé en 1792 par la destruction des têtes des sculptures à l’exception de celles de Notre-Dame et de Saint Martin, avec l’interdiction des cultes.
Un culte révolutionnaire a vu le jour, celui de la « Raison ». La grande fête de la Liberté avait son héroïne. Des deux candidates sélectionnées, il semblerait que la Liberté qui sera aussi la déesse de la Raison ait été mademoiselle Aubry figurante à l’Opéra.
On ne peut pas évoquer Notre-Dame sans parler du roman de Victor Hugo ce qu’a fait Benedikte Andersson, maître de conférences en littérature à l’Université de Lille présentant « Une cathédrale romanesque ».
Victor Hugo alertait sur le mauvais état de conservation de la Cathédrale, les dégâts du temps. Le roman Notre-Dame de Paris aura été un électrochoc.
Comme l’avait souligné Adrien Goetz, dans la Revue des Deux Mondes, dès avril 2019 « Victor Hugo avait offert à la cathédrale cette dimension profondément nationale, qui va devenir universelle. »
Ce qui se vérifie aujourd’hui.
Pour avoir l’intégralité de la soirée : Cette nuit de Notre-Dame est à retrouver sur youtube
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