Le 14 novembre 2018, Jean-Michel Othoniel était élu à l’Académie des beaux-arts.
Le 6 octobre 2021, il était installé au fauteuil n°5 de la section Sculpture par Adrien Goetz, de la section des membres libres.
La cérémonie d’installation quai Conti, sous la Coupole de l’Institut de France a été suivie de la remise de l’épée au Petit Palais, avenue Winston Churchill.
Les Nautes de Paris avaient découvert l’art de cet Académicien lors du passage à l’an 2000. Il nous offrait, cette année-là, « Le Kiosque des Noctambules », bouche d’accès à la station Palais-Royal-Musée du Louvre, un nouvel art moderne lumineux coloré ; un hommage à Hector Guimard, dont les candélabres art nouveau en verre coloré avaient été tant décriés en 1900.
L’installation, quai Conti
Adrien Goetz a retracé son parcours, ses amis, ses inspirations, ses rencontres, sa fascination pour Pierre Loti et Raymond Roussel, ainsi que les techniques qu’il a mises en œuvre, la cire, le soufre, le verre de Murano, les briques des verriers de l’Inde qui : « vont désormais ponctuer ses chemins », mais aussi l’obsidienne née de la lave des volcans qu’il a utilisée pour son épée d’Académicien.
Les œuvres évoquées soulignaient que « sous une apparence légère, votre œuvre s’empare du monde, des continents, des éléments et des saisons. » Telles les fontaines sculptures, Les Belles Danses réalisées avec le paysagiste Louis Benech pour le bosquet du Théâtre d’Eau dans les jardins du château de Versailles ; ou à l’entrée de la ville de Doha (Qatar), là où Jean Nouvel a conçu le Musée national (MNOQ), Jean-Michel Othoniel a dessiné une œuvre cinq fois plus grande qu’à Versailles : Alfa. Ce sont 114 sculptures fontaines aux formes fluides inspirées de la calligraphie arabe qui couvre la surface du lagon (800 m2) installées entre le Musée et le Golfe persique.
Jean-Michel Othoniel était invité à rendre hommage à son prédécesseur Eugène Dodeigne. Il a remercié tous ceux venus si nombreux des villes où ils avaient travaillé ensemble et Adrien Goetz « pour cette déambulation au cœur de ses jardins secrets. »
L’artiste Eugène Dodeigne, élu à 76 ans, n’a jamais occupé le fauteuil 5, il n’avait donc pas pu rendre hommage, comme le veut la tradition, à son prédécesseur Etienne Martin. Ce qui fut fait par le nouvel occupant du fauteuil.
il nous indiquait que dans la Drôme en 1941, Etienne Martin s’était lié avec Henri-Pierre Roche qui écrira Jules et Jim. Il sculptera notamment le portrait de Catherine qu’incarnera Jeanne Moreau dans le film de Truffaut.
Marcel Duchamp le fascinait. Son Grand Verre restera pour lui une énigme. Auteur de la série Demeures, il va concevoir une demeure manteau considérée comme une œuvre dite textile. Cette liberté permettra à Jean-Michel Othoniel d’utiliser voiles et broderies quarante ans plus tard pour Le Petit Théâtre de Peau d’Âne.
« J’aime les broderies de soleil ou de lune, les habits de contes de fées comme ceux portés par Catherine Deneuve dans mes souvenirs d’enfance.»
Son habit d’académicien est ainsi couleur du temps. Il a été créé par Kim Jones et la maison Dior, inspiré du premier habit dessiné en 1801 par le peintre David. L’artiste en a dessiné les borderies.
Revenons à Eugène Dodeigne. Il était fils d’un tailleur de pierre pour cimetière initié par son père à la taille directe. Le corps était son seul sujet. « A part les corps en mouvement, Dodeigne n’a dessiné qu’une seule autre chose, la fleur d’Amaryllis ». Dans les jardins du château du Vert bois, à côté de Tourcoing, on peut voir « l’Humanité en marche », en pierre de Soignies, et à Paris, au jardin des Tuileries « Force et Tendresse ».
Le 24 septembre 2021, Jean-Michel Othoniel a été élu à la direction de la Villa des Pinsons une résidence d’artistes. Parallèlement, il va avec les Académiciens, sous la houlette du secrétaire perpétuel soutenir la création contemporaine avec l’ouverture de nouveaux ateliers. Il l’a affirmé « Tous les mercredis après-midi et cela pour toujours, j’ai rendez-vous avec vous. »
La remise de l’épée au Petit Palais
Jack Lang qui a été Ministre de la Culture durant 10 ans était en maître de cérémonie.
Les invités avaient quitté l’Institut de France pour rejoindre le Petit Palais.
Les Académiciens était au rendez-vous. Le secrétaire perpétuel a rappelé le projet de l’Académie des beaux-arts de soutenir la création contemporaine avec la mise en place de nouvelles résidences d’artistes; quarante au total en tenant compte du fait que certaines existent déjà.
Ce projet tient à coeur à Jean-Michel Othoniel et Muriel Mayette Holtz qui a été la première femme à diriger la Villa Médicis.
L’exposition Le Théorème de Narcisse
Nous sommes invités à déambuler, jusqu’au 2 janvier 2022, dans un lieu d’irréalité et d’enchantement pour lutter contre la désillusion du réel.
Comment cette rivière aux reflets bleus peut-elle dévaler en cascade les marches du Petit Palais ? Sans doute est-ce une résurgence du lac souterrain installé par l’artiste pour « Le Théorème de Narcisse » ou la théorie des reflets.
L’œuvre s’exprime dans les salles permanentes et le jardin. Arrivé sous la coupole, à travers la fenêtre de la rotonde d’accueil apparait un monumental lotus noir et or.
On pénètre dans le jardin d’Eden qui joue avec les reflets du lieu. Le péristyle met en scène six nœuds d’argent (perles en inox). D’immenses colliers sont dressés au sol dans les alcôves.
Des guirlandes sont accrochées au pourtour, dorées comme les colliers accrochés aux branches et les trois lotus qui se mirent dans l’eau. L’histoire du reflet dont s’est épris Narcisse nous gagne.
Puis on rejoint l’escalier que surplombe la Couronne de la Nuit, qui nous happe et nous mène aux pieds d’Ugolin et de ses fils, l’oeuvre de Jean-Baptiste Carpeaux inspirée de l’Enfer de Dante.
Mais nul stress ne nous saisit car l’artiste veut ré-enchanter le Monde. Nous pénétrons dans la grotte de Narcisse.
L’Agora nous offre un espace de parole protégé, ni surveillance vidéo ni réseaux.
Nous poursuivons notre voyage initiatique éclairé par le Precious Stonewall composé de tableaux colorés tous différents. Les nœuds miroitants et multicolores se reflètent dans chacune de leurs perles ainsi que dans le lac de briques bleues.
Ces nœuds sont en concordance avec les nœuds mathématiques d’Aubin Arroyo qui a démontré une nouvelle théorie des reflets qui s’inscrit dans l’infini mathématique. Narcisse reflète le monde autour de lui, révèle une géométrie émotionnelle, une sculpture de l’humain, car les nœuds peuvent aussi influencer notre ADN.
Cette exposition organisée avec le soutien de la galerie Perrotin est mécénée par Christian Dior parfums dans le cadre des Jardins culturels créés afin de favoriser une discussion entre l’art et le vivant.
Danis Liliane
Comment posted on 10-12-2021Toujours de très belles photos et des découvertes qui sont très intéressantes
Merci Marie Christine et Dominique.