Sous la Coupole de l’Institut de France, le mercredi 18 octobre 2023, le sculpteur italien Giuseppe Penone a été installé comme membre associé étranger par le sculpteur Jean Anguera, auteur de la Minerve de l’Académie des beaux-arts.
Le nouveau membre de l’Académie vit et travaille à Turin.
Il séjourne périodiquement à Paris.
Il a enseigné à l’École nationale supérieure des beaux-arts.
Il a puisé son inspiration et réalisé ses premières expériences dans la forêt des montagnes de son enfance.
Il a expérimenté la croissance de l’arbre marquée par les cercles qui se forment année après année comme autant de strates de l’intériorité de la mémoire. Il a cherché à remonter le temps de cercle en cercle, et retrouvé, parfois, l’arbre jeune comme il l’a fait en creusant un cèdre du parc de Versailles couché par la tempête (2000-2003).
Il aime les aventures de Pinocchio, le petit garçon sculpté dans le bois devenu humain. Son épée, il l’a sculptée dans une branche de buis.
Jean Anguera dans son discours d’installation a souligné l’Interaction entre l’action de l’artiste et celle de la nature qui donne forme a un matériau, du bois, de l’argile, du marbre, du bronze sous les doigts de Giuseppe Penone.
« La sculpture est basée sur l’empreinte et sur la mémoire… Du négatif, il est le positif…
Tout artiste est présent dans son œuvre… Une manière d’autoportrait mais en creux, simultanément présent et absent, mais dans une sorte d’indifférence à lui-même qui donne plus de force à la réalité qu’il présente. »
L’Académicien a souligné que la sculpture de Giuseppe Penone n’a pas fonction d’ornement, elle existe par elle-même. Il inverse « le rapport du vide au plein… Nous nous voyons successivement à l’intérieur et à l’extérieur comme pris dans une série ininterrompue de poupées russes… »
Giuseppe Penone, comme le veut la tradition, a rendu hommage à son prédécesseur le sculpteur Ousmane Sow.
En voici quelques idées que nous avons retenues.
Il a évoqué ses grandes séries : Nouba, Masaï, Zoulou, Peulh, « un monde qui n’est plus documenté que par quelques images » créées afin de « donner dignité et visibilité à des cultures presque inconnues ». Ainsi que les grands portraits de ceux qui disait Ousmane Sow l’ont aidé à « ne pas désespérer du genre humain : Nelson Mandela, Charles de Gaulle, Victor Hugo, Toussaint Louverture, Saint Jean Baptiste…» Sans oublier son père, vétéran de la première guerre mondiale.
1999, sur le Pont des Arts, Ousmane Sow mettait en scène : La bataille de Little Big Horn.
2012, le sculpteur est devenu le pont entre la France et le Sénégal. Premier artiste africain élu à l’Académie des beaux-arts comme membre associé étranger au fauteuil d’Andrew Wyeth (élu en 1976) et second Sénégalais entrant sous la Coupole de l’Institut de France près de trente ans après le poète-président Léopold Sédar Senghor élu à l’Académie française en 1983.
Concernant son art Giuseppe Penone a souligné « Il y a un aspect sublime à modeler les formes d’un corps avec de l’argile. Il est présent dans l’idée de la genèse de l’homme créé par la main de Dieu.
(…) Je ressens une connivence dans l’exaltation et la vigueur des formes des corps qui semblent surgir de la terre comme de puissants troncs d’arbres… Je sens une proximité dans l’obsession de sa recherche de la matière nécessaire à exprimer ses corps tout comme je cherche à dévoiler la forme que le matériau me suggère.
(…)Par son métier de kinésithérapeute, Sow a certainement enveloppé avec ses mains un grand nombre de corps… Il en est devenu la forme négative qu’il nous a transmise dans les corps de ses sculptures. »
Après les remerciements, la séance d’installation s’achevait avec la remise de l’épée.
Dans son discours Pietro Beccari, le p.-d.g. de Louis Vuitton a lu le poème du sculpteur à propos de la création de cette épée (à retrouver sur la vidéo, lien ci-dessous à 1.25.00)
Le studio de Prêt-à-porter Homme de Louis Vuitton a créé son habit. Il est orné du traditionnel rameau d’olivier ; une broderie en fils de soie verts et or en six coloris. La société Blanchard, entreprise du Patrimoine vivant a fourni un fil en métal doré ornant la broderie. La réalisation intégrale de l’habit aura nécessité 500 heures de travail à la main.