Février 2016. A Paris dans le 9e arrondissement, rue Cadet dans les locaux du Grand Orient de France le 23 juin 1940, une annexe du service de la Gestapo s’installe. Août 1940, une loi interdit les sociétés secrètes. Les loges maçonniques sont dissoutes. Fichiers documents, archives des différentes loges vont prendre la direction de la Bibliothèque nationale. Le directeur nommé par le maréchal Pétain, Bernard Faÿ est chargé de cette collecte et de son exploitation notamment en publiant des listes de francs-maçons. Ce professeur du collège de France était un fan de Marcel Proust, de l’Amérique et d’art moderne protégeant durant la guerre Gertrude Stein et son amie.
L’occupant craint une ’alliance franco-anglaise et des complots qui pourraient être fomentés par les maçons. Pétain a déclaré : « Un juif n’est jamais responsable de ses origines. Un franc-maçon l’est toujours par choix. » Leur sort préoccupe les membres du nouveau gouvernement qui les accuse d’être à l’origine de la guerre entre la France et l’Allemagne. Des expositions vont stigmatiser l’anti-France : « La franc-maçonnerie dévoilée » au Petit Palais à partir d’octobre 1940, puis « Le juif et la France » (septembre 1941- janvier 1942) au Palais Berlitz et « Le bolchevisme contre L’Europe » salle Wagram (mars-juillet 1942).
Un film sera réalisé à la demande de Bernard Faÿ par deux anciens francs-maçons : Forces occultes (1943) Paul Riche pseudo pris par Jean Mamy, sur un scénario de Jean Marquès-Rivière. Ce dernier est l’auteur sous le nom de Jacques Leroy de : « La trahison sanglante des francs-maçons » vendu à 30 000 exemplaires. Il est aussi l’auteur du catalogue de l’exposition antisémite au palais Berlitz.
L’avocat et écrivain Emmanuel Pierrat, conservateur du musée du Barreau brosse ici une dizaine de portraits de francs-maçons. Certains furent résistants et le payèrent de leur vie comme Pierre Brossolette et Jean Zay (entrés au Panthéon le 27 mai 2015) , alors que « d’autres au contraire furent engagés aux côtés du maréchal Pétain pour tenter d’éradiquer la franc-maçonnerie. Certains furent des héros, d’autres de franches crapules, quelques uns enfin furent plus ambigus, et leur personnalité complexe et tordue les conduisirent à des revirements inattendus, à des actions étranges. »
Emmanuel Pierrat dédicacera l’ouvrage à la librairie Detrad, rue Cadet, le 18 février 2016.
Exposition à venir : Chevaliers et francs-maçons, du 12 avril au 23 octobre 2016 au musée de la franc-maçonnerie, 16 rue Cadet, Paris 9e.
Photo D. Germond : Emmanuel Pierrat, conservateur du musée du Barreau en compagnie de Cindy Geraci responsable du Musée et Jean-Marc Esvan le guide conférencier
268 pages au format 22,5 x 14,5 cm. Editions Albin Michel, 22 rue Huyghens, Paris 14e (composition : Nord Compo ; impression : CPI Bussière). Prix 22 euros
