Dès l’entrée au musée Rodin, rue de Varennes, dans le hall de l’hôtel Biron, nous découvrons l’Amour des Forêts, une sculpture achevée de l’artiste invité Wang Keping.
Afin de mieux comprendre le travail de l’artiste, le musée Rodin en partenariat avec la galerie Obadia l’ont invité à travailler à ciel ouvert, dans son sous-bois sur quatre sculptures en cours de création. Il sera présent 4 après-midis par semaine dont le week-end, du mardi 3 mai au dimanche 5 juin 2022.
Dans le sous-bois où on trouve un bronze de chaque Bourgeois de Calais, l’artiste poursuit son travail de création. Wang Keping a choisi la clairière où se trouve Jacques de Wissant, représenté tenant les clés de la ville. A sa droite, il a installé La Découverte ou Découverte et à sa gauche Femme devant un Homme qui peut aussi être interprété comme Homme derrière une Femme sachant comme le souligne en souriant l’artiste, que « derrière chaque homme, il y a une jolie fille ». Ces deux oeuvres ont déjà pris de belles couleurs noires.
L’artiste se fournit en troncs d’arbres abattus simplement ébranchés qui arrivent chez lui avec leur écorce, sous forme de Grume.
Leur ultime vêtement leur est ôté dès l’arrivée. Dans cette action, il saisit la sensualité qui émane de la forme et qui donnera une sculpture monumentale.
Il sculpte, dès réception, le bois frais collecté au moment de la taille. Ici le bois vient du Morvan, des troncs de platane, trop gros pour être brûlés et non adaptés pour la production de meubles.
Ci-dessus en photos, sur le bois qui a séché, une des étapes à laquelle nous avons pu assister au Musée Rodin.
Le bois blanc a séché.
Sous les yeux ébahis des visiteurs, il sculpte de manière plus précise, soigne les détails avec ses ciseaux et autres instruments.
Nous avons assisté à cette étape pour la sculpture Baiser avec oiseau.
La femme, comme l’oiseau joue un rôle important dans son oeuvre.
L’oiseau ajoute ici plus de sensualité dans cette œuvre quand on pense au mythe de Léda et le Cygne, une sculpture de l’artiste réalisée en 2019, ce que nous rappelle sa fille Aline Wang, sa directrice de communication et sa traductrice.
Puis viendra l’étape du polissage suivie de celle du brûlage au chalumeau. Cette opération va installer les gammes de noirs. Puis à nouveau, polissage, lustrage.
Né à Pékin en 1949, il a vécu sous Mao (mort en 1976), la forte censure exercée sur la création qui lui a longtemps fait ignorer que la sculpture était un art, les seules sculptures connues étaient alors des portraits de Mao. « Ce n’était pas de l’art. »
A Pékin en 1978, chez un ami peintre, il a découvert des images imprimées de sculptures de Rodin.
« …La célébration des femmes dans l’oeuvre de Rodin a laissé une empreinte profonde dans mon parcours créatif… »
Il a commencé à sculpter des morceaux de bouleau, se fournissant difficilement auprès de marchands trop contents de céder des petits morceaux invendables. Il a ainsi développé sa liberté d’expression. Il a joué un rôle clé au sein de l’avant-garde chinoise des années 1970, avec la création du groupe de dissidents « Les Etoiles ».
Depuis 1984, il vit et travaille en France et expose dans le Monde. A son arrivée à Paris, sa première visite a été, bien sûr, pour le Musée Rodin.
A découvrir jusqu’au 5 juin 2022, au Musée Rodin ouvert du mardi au dimanche de 10h à 19h.
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