Le 26 octobre 2020, le conservateur du Musée du Barreau de Paris, Me Emmanuel Pierrat qui a repris les auditions contradictoires proposait un nouveau débat autour du métier d’avocat, d’avocate et de leur influence. En cette période de coronavirus, Les Nautes de Paris étaient les seuls présents pour enregistrer cette rencontre.
Deux invitées avaient été conviées une journaliste Delphine Iweins et une avocate Juliette Mel avec chacune leur dernier livre paru cette année.
La première aventure de la série « Alice au pays du droit » a pour sujet « Alice prête serment » de Me Juliette Mel. Ce roman graphique a été écrit avec le concours de l’illustratrice Mouche Cousue.
Deux autres volumes vont suivre.
Ce récit ludique au ton enjoué est complété par des fiches pratiques et du contenu juridique. Il s’adresse aux néophytes comme aux professionnels qui devraient ainsi passer un moment récréatif en le lisant.
Avocate associée, l’auteure est devenue une spécialiste du droit de la Construction après avoir débuté dans le délicat droit de la propriété intellectuelle. Elle revient ici, en quelque sorte, sur ses débuts et témoigne. Elle offre une satire des idées reçues en ce qui concerne les avocats parisiens et la place des femmes dans cette profession.
Les avocates représentent 60% de la profession à Paris. Elles ne sont que 12% à être associées. La crédibilité des femmes regagne du terrain, petit à petit, grâce à la Charte de 2019 contre le harcèlement sexuel. Une commission a été mise en place mais semble déboucher sur peu de sanctions, en parallèle des procédures pénales sont mises en place.
Me Emmanuel Pierrat rappellait, depuis 2016, « nous votons pour un duo homme/femme au bâtonnat de Paris ».
Il sait que la profession se féminise ce dont il se félicite mais il s’interroge : « S ‘agit-il d’une paupérisation… d’une perte de prestige de la profession aux yeux des hommes ? »
Avec la journaliste juridique Delphine Iweins auteure de : «L’influence insoupçonnée des avocats d’affaires,» qui porte en sous-titre «Printemps arabe, lutte anti-corruption, lobby, intelligence artificielle… Tour du monde à la rencontre de ces acteurs, » nous abordons cette profession sous un angle différent.
De 2012 à 2014, elle a conduit une enquête de terrain soutenue en Tunisie, en Russie, à Hong Kong, aux Etats-Unis, au Brésil et à Singapour. Nous voici transportés dans l’univers de la géopolitique. Chaque pays semble vouloir peaufiner son droit des affaires afin de servir des desseins politiques. Ainsi des conseillers supplantent souvent les avocats. En effet, les cabinets d’affaires recrutent des « politiques » pour leur carnet d’adresses. Certains pays demeurent très protecteurs et seuls leurs avocats locaux ont le droit d’exercer. Les avocats étrangers ne peuvent alors qu’occuper des postes de conseillers.
Me Emmanuel Pierrat indique que certains avocats sont devenus membres du Barreau par le biais des activités juridiques. De nombreuses passerelles se mettent en place pour les magistrats spécialisés qui peuvent devenir avocat. Des fiscalistes deviendront avocats, les magistrats à la retraite deviennent avocats pendant que des avocats deviennent magistrats.
Alors Alice contente d’être avocate ? « … un bonheur quotidien »
Pour en savoir plus sur cette audition contradictoire voici la vidéo :