Audition contradictoire du 16 octobre 20017.
Emmanuel Pierrat animait une nouvelle soirée au Musée du Barreau de Paris, 25 rue du Jour, durant laquelle un éclairage a été apporté sur le rôle des jurés. Pour se pencher sur le fonctionnement des procès d’assises avaient été invités deux orateurs aux parcours très différents.
D’un côté, la rédactrice en chef de la revue Droit et Cultures, Christiane Besnier qui a publié La vérité côté cour (éd. La Découverte).
Elle nous a présenté l’aboutissement d’un long travail d’étude ethnographique. En effet, elle a suivi, de 2001 à 2016, plus de 40 procès d’assises. Des affaires de droit commun jugées dans le Nord, en Île-de-France, en Provence, en Midi-Pyrénées.
Installée sur les bancs du public, elle a peu à peu décortiqué, l’organisation de cette cérémonie si particulière, les préparatifs, la cour et son rituel, le décor, l’entrée en scène de l’accusé, les plaignants et les témoins, les débats, le prononcé du jugement. Seuls moments auxquels elle n’a pas pu assister les délibérations des jurés. Cette ultime étape est donc extérieure à sa recherche centrée sur « la construction de la vérité à l’audience ».
Rappelons que les jurés s’engagent par serment : « à ne trahir ni les intérêts de l’accusé, ni ceux de la société qui l’accuse, ni ceux de la victime. »
Face à elle, l’ancien magistrat René Pagis auteur de Dans la salle des pas perdus (éditions De Borée ; histoire & documents). Il a réuni une série de 31 anecdotes relatives à son parcours professionnel très atypique.
En effet, il a d’abord été gendarme de 22 ans à 43 ans. Puis, il a repris des études. Il est devenu juge d’instruction, puis juge pour enfants et enfin procureur de la République.
Il témoigne ici des lenteurs de la justice et des accélérations qu’un magistrat peut obtenir en cas de nécessité. Il souligne la solitude du juge. Il dénonce la remise en cause de l’intégrité et l’honnêteté des juges qui veillent jalousement sur leur indépendance.