Le 18 janvier 2023, le photographe Sebastiao Salgado, accueillait sous la Coupole de l’Institut de France Anne Démians.
Il nous offrait un portrait comparé de la photographie et l’architecture, car ils sont tous les deux plein de tendresse pour « notre planète chahutée ». Un travail nourrit d’émotions diverses qui font que « l’un montre et l’autre dessine ».
L’architecte suit sa destinée. Elle n’a jamais pensé à un autre métier en voyant sa grand-mère dessiner. Aujourd’hui, elle dessine le monde, donne vie à sa « part de rêve« . Elle veut de l’air, de la lumière pour exprimer l’espace, de la hauteur pour vivre « Premier acte de citoyenneté écologique ».
« L’architecture est devenu un art d’assemblage. » Pas d’immeuble dédié spécialement au logement ou au bureau mais des ensembles immobiliers multiprogrammes, modulables et durables, « des immeubles à destination indéterminée ».
« Des immeubles pas tout à fait finis, » des constructions qui peuvent être hybridées, à destination interchangeable, comme les trois bâtiments de Black Swans à Strasbourg, (à découvrir sur le site de l’architecte en suivant le lien) avec des logements, une résidence étudiante, une résidence-service seniors, des commerces, un hôtel.
Reçue dans la section architecture au fauteuil IV qui a vu s’y asseoir, depuis 1816, 12 architectes, le premier étant Etienne Boullée. Parmi eux elle citera, Jacques-Denis Antoine, Victor Baltard, Charles Garnier.
En tant que « treizième » et première femme à s’y installer.
Elle va pouvoir insuffler une part de magie aux autres fauteuils ce que Sebastiao Salgado voit comme « de joyeux et salutaires courants d’airs ».
Portrait d’un prédécesseur Robert Taillibert
Anne Démians nous a présenté les différentes facettes de l’architecte auquel elle succède Robert Taillibert. Le ténébreux, lié à l’interrogation « Existe-t-il une tête d’architecte ? » L’intuitif, car dans les années 60-70 « Émergent de nouvelles techniques, nouvelles méthodes de calcul, nouveaux procédés d’assemblage puis de nouveaux outils. » Le compétiteur, il a obtenu prix, distinctions et récompenses dont le prix Elphège-Baude, en 1977. L’intraitable, « il a fustigé l’ingérence du politique et de l’administration dans le développement du projet. » L’organique, « Il a eu recours au béton brut, à la précontrainte, à la toile étirée et aux câbles déployés… » Le fantastique, « avec ses deux amis Claude Parent et Paul Andreu… » L’audacieux et bien sûr l’architecte, le succès du stade du parc des Princes amènera la commande du futur stade olympique de Montréal …
Laurent Petitgirard, Michäel Levinas, Adrien Goetz
Cette cérémonie s’est déroulée sous la présidence du nouveau bureau de l’Académie des beaux-arts élu le 11 janvier 2023. le président pour cette année est Michaël Levinas, membre de la section de composition musicale, pianiste, concertiste et compositeur et le vice-président Adrien Goetz, membre de la section des membres libres, historien de l’art, romancier, directeur de la bibliothèque et villa Marmottan. Le secrétaire perpétuel, le compositeur et chef d’orchestre Laurent Petitgirard a été réélu à l’unanimité pour 6 ans, lui qui a déjà fait entrer plusieurs femmes en créant notamment une section danse et dessin (qui a rejoint la gravure).
Les femmes à l’Académie des beaux-arts
L’Académie sur 67 fauteuils compte, actuellement, 11 académiciennes : Astrid de La Forest, Coline Serreau, Brigitte Terziev, Edith Canat de Chizy, Muriel Mayette-Holtz, Blanca Li, Carolyn Carlson, Dominique Issermann, Anne Poirier, Catherine Meurisse et Anne Démians sur 67 fauteuils.
La première femme élue à l’Académie des beaux-arts qui existe depuis 1816 a été Jeanne Moreau en 2000 ! Pas de femme membre de la section de peinture car Catherine Meurisse qui y avait été élue dans cette section a été installée dans la section gravure devenue gravure et dessin.
La peinture au féminin était représentée aux XVIIe et XVIIIe siècles au sein de l’Académie royale de peinture et de sculpture qui sera dissoute, lors de la Révolution en 1793. Elle comptait 14 femmes. Catherine Duchemin la future Mme Girardon sera la première à être élue en peinture en 1663, suivie des sœurs Boullogne en 1669, puis de Claudine Bouzonnet-Stella, Elisabeth –Sophie Chéron, Rosalba, Margarita Haverman, Marie-Thérèse Reboul, Marie Suzanne Roslin, Anne Vallayer Coster, Anna-Dorothéa Terbush, Adelaide des Vertus Guiard, Elisabeth Vigée Le Brun ( à consulter : Les femmes de l’Académie royale de peinture et sculpture sur www.artaufeminin.fr)
« Une épée qui n’en est pas une«
Dessinée par Anne Démians, son épée » tutoie symboliquement les voies du dessin et de l’écriture « .
» L’épée à l’allure d’un stylet plutôt que celle d’une arme de duel. » Une réalisation assurée par des artisans d’art, pour l’obsidienne Emmanuel Barrois et Hervé Obligi et trois experts en technologie de pointe et de précision, en carbone forgé Olivier Mesplomb, Damien Timiac, Guillaume Iwaniuk.
Cette cérémonie d’installation est à retrouver sur youtube en suivant le lien.
Place aux photos dans la cour de l’Institut
