Académie des beaux-arts, humour et fantaisie pour les concerts des fauteuils n°7 et n° 8

Le cycle « Concert d’un fauteuil » voulu par le secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts poursuit « une exploration de notre passionnant patrimoine musical.»

Après le fauteuil n°5 revisité par François-Bernard Mâche, le fauteuil n°4 avec Gilbert Amy, le fauteuil n°6 d’Edith Canat de Chizy, le fauteuil n°1 de Laurent Petitgirard, le fauteuil n°3 de Michaël Levinas, voici venu le temps des fauteuils 7 et 8 les derniers créés.

Mercredi 12 octobre 2022 à 20h, dans l’auditorium André et Liliane Bettencourt de l’Institut de France, Laurent Petitgirard accueillait les invités pour le concert du fauteuil n°7 créé en 1967, d’Olivier Messiaen à Régis Campo, concert également du fauteuil n°8 le dernier créé en composition musicale en 1998, de Charles Trenet à Thierry Escaich.

Ainsi se sont succédés des œuvres de compositeurs dont Laurent Petitgirard a pu dire « Je les ai tous connus et/ou rencontrés. » Et pour lesquels les deux maîtres de soirée auront tour à tour des anecdotes savoureuses à nous conter.

Les Académiciens Régis Campo et Thierry Escaich ont mené de concert comme il se doit et avec beaucoup d’humour une soirée particulière.

Elle allait s’achever sur la création mondiale du Zoo Circus pour ensemble, une commande de Warner Classic dans l’esprit du Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns.

De brèves illustrations du règne animal cachant des citations musicales transformées de grands compositeurs du passé tel Wagner pour La chevauchée des papillons. La sélection en 11 mouvements a tenu une promesse faite à son filleul Clément Gilsoul avec un tyrannosaure. Et en point d’orgue Beethoven bien sûr.

Cette première interprétation était dédiée au grand compositeur Vladimir Cosma.

L’orchestre Ars Nova qui fête son 60e anniversaire a su rendre toutes les sonorités nécessaires à cette œuvre qui fera le bonheur de tous ceux qui sont attentifs au règne animal.

Remontons le temps avec le fauteuil n°7

Olivier Messiaen (1908-1992), élu en 1967. Louange à l’éternité de Jésus, cinquième mouvement de son Quatuor pour la fin des temps.  Composé au stalag de Gortlitz, le quatuor sera joué au camp en 1940, le compositeur en tiendra la partie piano. A 22 ans, il devient le titulaire du grand orgue Cavaillé-Coll de l’église de la Trinité et le restera toute sa vie. Il enseignera à l’école normale de Musique de Paris, à la Schola Cantorum, au Conservatoire. Il formera notamment Xenakis, Stockhausen, Levinas, Reverdy… Il sera un des premiers compositeurs à utiliser le numérique pour écrire ses partitions. De sa passion pour les chants des oiseaux qui le conduira dans le monde entier, la métrique grecque et le rythme hindoue, il a créé ce langage musical coloré si spécifique et admiré. Son unique opéra de quatre heures Saint François d’Assise, répondait à une demande de Georges Pompidou pour l’Opéra Garnier en 1971. Il sera terminé 12 ans plus tard. Il composera jusqu’à sa mort.

Marius Constant (1992-2004), élu en 1992. Die Trennung Quartettsatz pour quatuor à cordes. Compositeur et chef d’orchestre d’origine roumaine, élève de Messiaen, Nadia Boulanger et Arthur Honegger. Spécialiste du timbre et de la couleur. Il a expérimenté l’électroacoustique, les nomenclatures paradoxales et atypiques, le Jazz, la spatialisation, l’écriture aléatoire, travaillé au Studio de musique concrète. Il privilégiait la musique de scène et les créations lyriques, ainsi que chorégraphique pour les ballets de Roland Petit et la Danse à l’Opéra de Paris. A la Radio, il est le co-fondateur de France Musique. Il a fondé voici 60 ans l’Orchestre Ars Nova. Il a enseigné au Conservatoire, tour à tour, l’instrumentation et l’orchestration, la composition à Stanford.  Il a eu une carrière internationale.

Charles Chaynes (1925-2016), élu en 2005 . Comme un raga pour violon seul ; famille de musiciens (violon, piano et orgue) enseignants au Conservatoire. Dans la classe de Jean Gallon au Conservatoire puis de Gabriel Bouillon en violon mais il préfère composer, écrire avec Darius Milhaud. Il séjourne à la Villa Médicis (1952-1955). Il succède à Marius Constant à la direction de France Musique. Il dirigera ensuite la création musicale de Radio France. Il passera des commandes notamment un concerto pour violon à Henri Dutilleux, quatre poèmes de Sappho interprétés par Mady Mesplé. Il composera quatre opéras.

Régis Campo (né en 1968), élu en 2017. Zoo Circus en création Mondiale par l’orchestre Ars Nova. Le compositeur a étudié à Marseille auprès de Georges Bœuf; à Paris, composition et civilisation musicale avec Jacques Charpentier puis Alain Bancquart et Gérard Grisey. Pensionnaire à la Villa Médicis, de 1999 à 2001.

Fauteuil n°8, décret du 8 juin 1998

Charles Trenet  (1999 -2001), élu en 1999. Au piano évocations improvisées de La Mer et de L’âme des Poètes. Auteur, compositeur et interprète, à la fin des années 30, sa poésie renvoie à celle des Surréalistes. IL a débuté avec son ami et musicien Johnny Hess. En 1938, il est seul sur la scène de l’ABC et Boum obtient le grand prix du disque Charles-Cros. Sa musique au rythme syncopé emprunté au Jazz américain en fait un fidèle du swing. Pendant la guerre, il met en musique Verlaine, La Fontaine et compose Douce France. Mars 1946, La Mer, va s’inscrire comme une des chansons francophones du XXe siècle. Il est considéré comme le parrain de la chanson française moderne. 

Jacques Taddei (1946-2012), élu en 2001. Symphonie improvisée (1^ermouvement) pour trio avec piano (arrangements par Philippe Hattat). Pianiste et organiste titulaire de la basilique Sainte-Clotilde Paris. Musicien, pédagogue et administrateur. Il a proposé des programmes de concertos orgue ou piano consacrés à Franz Listz, Jean-Sébastien Bach, César Franck. Il a enregistré le concerto de Poulenc sous la direction de Laurent Petitgirard. Directeur du Conservatoire supérieur de Paris – conservatoire national de région. Directeur artistique du concours international d’orgue de la ville de Paris qu’il a créé en 1995. Durant douze ans, il sera maire adjoint à la culture à Rueil Malmaison. Il a été directeur du festival d’art sacré de la ville de Paris de 1993 à 2005, directeur de la musique à Radio France, inspecteur général de l’Education nationale en 2006. 

Thierry Escaich (né en 1965), élu en 2013. Lettres mêlées pour violon, violoncelle et piano. « Trois lettres écrites à des compositeurs dont le nom commence par B,  » Brahms, Bach, Bartok  » » liées à la note B correspondant au si bémol dès le Moyen-Âge.  Compositeur, organiste et improvisateur, il est titulaire depuis 1997, de la tribune de Saint-Etienne-du-Mont. Son œuvre comporte une centaine de pièces auxquelles viennent de s’ajouter en création mondiale Prana, à Cologne le 5 octobre 2022, pour orgue et quatuor à cordes par le quatuor Tchalik. Le 2 mai 2022, création mondiale de l’opéra Shirine sur un livret d’Atiq Rahimi, Opéra de Lyon. 30 janvier, création mondiale d’un concerto pour guitare, théâtre Charles Dulin à Chambéry, soliste Jérémy Jouve, orchestre des pays de Savoie…