En s’installant en 1883 à Giverny, le peintre Claude Monet va se transformer en un habile jardinier conseillé notamment par Gustave Caillebotte, Georges Truffaut, mais aussi son ami Georges Clémenceau. Il va creuser, aménager, dévier un cours d’eau, restant connecté avec la Seine où il fait des balades en barque. Il va agrandir sans cesse son espace d’inspiration, tout en suscitant l’inquiétude de ses voisins qui voient dans ses aménagements un risque de pollution.
A cette époque, le chemin de fer tout proche générait de la suie qui recouvrait l’eau mais aussi la végétation qu’il fallait nettoyer chaque jour. Il va modeler continuellement l’apparence de ses jardins, afin d’y retrouver toutes les nuances de la lumière aux différentes heures du jour.
Collectionneur d’estampes japonaises, son jardin d’eau avec ses saules pleureurs et ses bambous a été l’objet de mille attentions. Cette installation bucolique nous invite à la sérénité, entre les reflets et les ombres.
Nous l’avons découvert à l’heure où il balbutie encore; début avril, lorsque la fondation ouvre ses portes. Les nymphéas n’ont pas encore poussé et vont s’épanouir début juin. Le pont du jardin d’eau n’a pas encore sa voûte de grappes de glycines mauves et blanches, avec les azalées, ils fleurissent à partir de mai.
De l’autre côté de la route
Les rosiers vont s’épanouir en une voûte colorée et parfumée au milieu du jardin mais ce ne sont encore que des branches aux feuilles d’un vert tendre.
Au printemps y fleurissent les fritillaires impériales.
Ces espaces naturels ont été transformés en de véritables cadrans solaires végétaux. Le printemps nous offre des tulipes, des jacinthes, des vivaces : pensées, myosotis, giroflées, pavots, marguerites… dans une harmonie de couleurs chère au peintre. Elles nous mènent des couleurs froides et pâles, du rose et du bleu en passant par le jaune, l’orange et enfin le rouge. Les feuilles de pivoines sortent déjà.L’environnement de la maison va changer sans cesse au grès des floraisons.
Début avril, un parterre de pensées, jacinthes, narcisses, myosotis…
A Giverny, ce qui n’était au XIXe siècle qu’une zone marécageuse est devenu un jardin extraordinaire. La fondation Claude Monet veille sur la maison restituée et ses jardins qui accueillent 600 000 visiteurs par an.
Hugues R. Gall, membre de l’Académie des beaux-arts et directeur de la fondation Claude Monet.
Michel Monet, son fils, a légué en 1966, la propriété à l’Académie des beaux-art, alors présidée par l’architecte Jean Carlu. De 1977 à 1980, le nouveau président Gérard Van der Kemp, soutenu par des mécènes, fait appel au jeune jardinier, sorti premier de sa promotion, Gilbert Vahé qui va restituer progressivement, l’univers du peintre. Il s’inspire des souvenirs de la famille, de ceux qui avaient fourni des plantes mais aussi, des tableaux conservés au Musée Marmottan Monet ainsi que des autochromes de Jean-Marie Toulgouat sans oublier la description exhaustive de 1924 faite par Georges Truffaut pour une revue de jardinage.
Depuis 2011, le chef jardinier James Priest a pris le relais et chaque année nous fait redécouvrir et approcher l’espace d’inspiration du maître qui néanmoins n’est jamais exactement le même, mais demeure en parfaite harmonie avec son oeuvre.
Salon-atelier de Claude Monet reconstitué, en 2011, sous la direction de Sylvie Patin, conservateur général au musée d’Orsay, correspondante de l’Académie des beaux-arts et le décorateur Hubert Le Gall. L’historien et critique d’art Philippe Piguet y fera des lectures de la correspondance de son arrière grand-mère Alice Hoschedé-Monet : le 28 mai, le 9 juillet et le 24 septembre 2015.
La Fondation a ouvert au public le 1er juin 1980. Depuis 2008, Hugues R. Gall préside à ses destinées et a recréé progressivement, avec Sylvie Patin, le salon-atelier (1911), la chambre et le cabinet de toilette (2013) ainsi que la chambre de Blanche Hoschedé-Monet (2014).les peintures qui animaient ses espaces ont été restituées.
Yutaka Kawakami qui veille sur le jardin Monet au Japon à Kitagawa était en avril à Giverny. Les jardins de Kitagawa ont été créés en 1999.
La Fondation est ouverte du 28 mars au 1er novembre.
Un nouvel ouvrage vient de paraître: Monet à Giverny par Adrien Goetz, avec des photographies d’Eric Sander (co-éditions Claude Monet Giverny et Gourcuff Gradenigo; imprimerie Stipa; 2015); Prix: 9 euros.
Photos du reportage: Les Nautes de Paris.
