A l’heure où la Pyramide du Louvre fête ses 30 ans, son constructeur, l’architecte sino-américain Ieoh Ming Pei vient de mourir.
Laurent Petitgirard, secrétaire perpétuel et les membres de l’Académie des beaux-arts ont eu la tristesse de nous faire part du décès de leur confrère Ieoh Ming Pei, survenu dans la nuit du mercredi 15 au jeudi 16 mai 2019, à l’âge de 102 ans. Il avait été élu membre associé étranger de l’Académie des beaux-arts le 9 février 1983, au fauteuil de Gabriel Ollivier, journaliste, historien et diplomate monégasque.
Remontons le temps
Le Château de Philippe Auguste devient le Louvre la résidence aménagée par Charles V au XIVe siècle. Au XVIIe siècle, le projet est de réunir le Louvre aux Tuileries qui avait été construit dès 1564 sous l’impulsion de Catherine de Médicis. Henri IV fait alors construire la galerie du bord de l’eau. Sous Louis XIV une nouvelle jonction construite en parallèle au Nord est projetée. De nombreuses maisons et hôtels particuliers occupent l’espace entre le Louvre et les Tuileries. Les expropriations n’ont pas cours. Le roi concentrera son énergie et ses finances pour Versailles d’où il dirigera le royaume à partir de 1682. Louis XV s’installera aux Tuileries au début de son règne. Louis XVI et sa famille y seront conduits, en octobre 1789.
Le 10 octobre 1793, la convention ouvrait le Musée du Louvre au public.
19 février 1800, le premier consul Napoléon Bonaparte s’installe aux Tuileries. Il va reprendre le projet d’une galerie parallèle. Le percement de la rue de Rivoli avec ses arcades et ses commerces se prépare dès 1800. Le déclic sera l’attentat de la rue Saint-Nicaise, le 24 décembre 1800. La construction de la seconde galerie s’avère complexe car les deux bâtiments ne sont pas dans le même axe… En 1809, les fidèles de Napoléon songent à faire élever une pyramide dans la cour du Louvre en hommage à l’Empereur. La rue de Rivoli et le projet de galerie seront achevés par Napoléon III qui résidera au Palais des Tuileries à partir de 1852, après son coup d’état.
L’ombre d’une pyramide plane
Le ministère des Finances est établi au Louvre en 1871 dans l’aile Richelieu, le long de la rue de Rivoli. 1871, le Palais des Tuileries est incendié par la Commune et ne sera jamais reconstruit. 1879, on décide de le détruire. 1883, les ruines sont définitivement arasées. L’arche du Carrousel s’inscrit seule dans la perspective du Louvre.
1889, on pense pour le centenaire de la Révolution à la construction d’une pyramide dans la cour du Louvre.
Dès 1927, sous la présidence de Gaston Doumergue, élu en 1926, il est question de rendre sa vocation culturelle au Louvre.
Jack Lang ministre de la culture, dès 1981, est horrifié de voir la cour servir de parking comme c’était le cas au Palais Royal où seront installées les Colonnes de Buren (1986).
Septembre 1981, la décision est prise par le président François Mitterrand de rendre au Louvre l’ensemble du Palais, les Finances partiront à Bercy, construit de 1981 à 1983.
1982, Emile Biasini est nommé responsable du grand projet Grand Louvre
1983, François Mitterrand va choisir, sans procédure de concours ni appel d’offre, l’architectes sino-américain Ieoh Ming Pei. L’entrée centrale se fera dans la cour Napoléon. Elle se faisait auparavant par l’aile Denon.
Il présentera son projet en 1984. Celui-ci soulève d’âpres et virulentes polémiques. Mais les détracteurs les plus violents, comme lors de la construction de la Tour Eiffel, seront par la suite conquis.
Pour le 1er mai 1985, une simulation grandeur nature en câbles téflon et la promesse d’un parking souterrain apporteront l’approbation du Maire de Paris Jacques Chirac et débloqueront l’affaire.
Le projet va comprendre une pyramide centrale de 21,64 mètres de hauteur sur une base carrée de 35,42 mètres de côté avec trois répliques plus petites de 5 mètres de haut servant de puits de lumière. Une cinquième pyramide inversée de 7 mètres de haut sera sous le Carrousel du Louvre.
La construction se fera de 1985 à 1989 avec pour François Mitterrand deux inaugurations, la première le 4 mars 1988 avant qu’il ne se représente en mai aux élections, puis le 29 mars 1989. L’ouverture au public aura lieu le 1er avril 1989, année du bicentenaire de la Révolution.
Structure métallique, en acier et aluminium, la charpente ne pèse que 95 tonnes. Chacune des faces est composée de 128 poutres en acier inox, croisées, parallèles à ses arêtes. Le parement en verre feuilleté de 2,1cm d’épaisseur mis spécialement au point par Saint-Gobain offre une grande transparence et laisse entrer le soleil. 603 panneaux de forme losanges et 70 triangles sont posés dessus. Soit un total de 673 panneaux.
Cette pyramide aux dimensions de celle de Gizeh qui avait été construite par le pharaon khéops apporte un souffle de magie sur ce monument inscrit désormais dans notre patrimoine parisien.
Depuis 2011, pour l’éclairage extérieur le musée s’est doté d’un nouvel équipement à base de leds.
Sauf indication contraire les photos sont de Dominique Germond et les documents appartiennent aux Nautes de Paris.
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