Ayant reçu l’ouvrage ci-dessus, publié par Larousse, nous l’avons lu avec un vif intérêt et ajouté quelques informations complémentaires issues de nos collections. Ceux qui aiment Mucha comme nous sont sous le charme de ses créations. Nous avons toujours envie d’en savoir plus sur cet artiste novateur.
La nouvelle exposition consacrée à Alphonse ou Alfons Mucha, puisque les deux orthographes de son prénom sont possibles, est présentée depuis le 12 septembre au Musée du Luxembourg (Musée du Sénat). Elle devrait se terminer le 27 janvier 2019.
L’exposition montre des aspects méconnus de l’artiste tchèque dont la célébrité internationale n’est plus à démontrer. Il a séjourné aux Etats-Unis où il a enseigné. Il a été le cœur de ce mouvement baptisé Art nouveau qui a fait descendre l’affiche dans la rue et animé l’esprit de l’exposition internationale de 1900, jusqu’aux entrées des bouches de métro dessinées par Guimard.
Refusé à l’école des beaux-arts de Prague » Vous n’avez pas de talent… « . Il étudiera aux beaux-arts de Munich, avant de venir à Paris en 1887. Il va se former à l’Académie Julian, et suivra des cours à Montparnasse, rue de la Grande-Chaumière. Lorsque ses mécènes ne pourront plus le soutenir, il fréquentera la crémerie de Charlotte Caron. Il aura un atelier au n°8 où il recevra Gauguin.
Il va travailler dans l’édition, notamment pour Armand Colin, se familiariser avec l’impression lithographique et la photo. Tout l’intéresse la décoration d’intérieurs pour le théâtre avec les costumes ainsi que le mobilier, les bijoux.
1894, Mucha réalise l’affiche de Sarah Bernhardt pour la pièce que Victorien Sardou lui a écrite Gismonda, les représentations débutent en janvier 1895. Il crée également ses propres caractères. L’actrice est séduite. Il travaillait alors pour l’imprimeur Lemercier mais l’artiste ayant un différent avec cet imprimeur, elle va se tourner vers l’imprimerie Champenois et Mucha fera de même.
Ferdinand Champenois a fait l’acquisition en décembre 1874 d’une société d’impression-édition qui réalise des travaux d’impression en chromolithographie. Elle deviendra en 1878 la société Champenois & Cie, installée 66 boulevard Saint-Michel. Elle imprime des images souvent peintes qui sont utilisées pour le commerce ainsi que pour le tourisme et pour la librairie. L’imprimeur réalise des travaux d’image décorative, des panneaux publicitaires, des calendriers.
Le plus gros client de l’imprimeur sera la biscuiterie Lefèvre-Utile. Les superbes créations de Mucha seront imprimées sur les emballages, les boîtes de biscuits ainsi que sur des objets en métal.
Mucha a signé un contrat de six ans avec Sarah Bernhardt. Il a conclu, en 1896, un contrat de 10 ans avec l’imprimeur Ferdinand Champenois. Celui-ci lui met la pression pour dynamiser sa clientèle commerciale.
Mucha participera à la collection des 32 œuvres créées par des peintres illustrateurs pour la société Pierre Bardou-Job (Perpignan) afin de promouvoir leur papier à cigarettes JOB. On retrouvera ces créations sur des calendriers, des affiches, des cartes postales, des boîtes à tabac ou à cigarettes. La femme blonde et la femme brune de Mucha appartiennent à cette collection.
Son Atelier était 6, rue du Val de Grâce. Son cœur vit l’Art Nouveau mais son âme demeure slave. Il n’a jamais oublié son pays d’origine.
A partir des années 1910, il va se consacrer entièrement à la réalisation de » l’Epopée slave « . Il s’installe à Prague, son atelier sera au château de Zbiro. En 1931, financé par la compagnie d’assurance Slavia, il réalisera pour la cathédrale Saint-Guy, le vitrail de la légende des saints Cyrille et Méthode. 1939, ses travaux sont jugés réactionnaires, il est franc-maçon et judéophile, la Gestapo l’arrête, il a 78 ans. Il meurt le jour de ses 79 ans.
Parrainé par un américain de Chicago Charles Crane, de 1910 à 1928 dans son pays, il a atteint le but qu’il s’était fixé, réaliser « l’Epopée Slave » en 20 tableaux, un triptyque. Les plus grands tableaux font 8x6m. Ils pourront bientôt, selon le souhait testamentaire de l’artiste, être vus dans de nouveaux espaces d’exposition à Prague. Ceux-ci devraient s’intégrer dans le musée lapidaire de Prague, construit en 1891. Onze des vingt peintures sont actuellement présentées, jusqu’au 13 janvier 2019, à la Maison municipale qu’il avait entièrement décorée. A suivre
Compléments d’informations :
Alfons Mucha, par Valérie Mettais, 128 pages reliées sous jaquette, au format 19×23,5 cm (éditions Larousse, 21 rue du Montparnasse, Paris 6e)
Pour en savoir davantage sur la collection JOB et la famille Bardou de Perpignan : http://www.aphpo.fr/articles/article-perpignan-job.html
Un livre a été édité sur l’imprimeur Champenois : Les 100 plus belles images de Champenois Imprimeur, Publicité et vie Bourgeoise 1875-1915, Par Daniel Bordet, préface Johnny Neveu (édition Dabecom et imprimerie la Fertoise, conception graphique : Jean-Louis Germain, 2004).
Exposition Mucha au Musée du Luxembourg
Commissariat : Tomoko Sato, conservateur de la Fondation Mucha, Prague.
Horaires : tous les jours de 10h30 à 19h ; nocturne jusqu’à 22h tous les vendredis ; nocturnes supplémentaires les lundis du 12 novembre au 17 décembre 2018
à suivre une vidéo mise en ligne par Francis C. sur Youtube :