Nous avons rencontré lors du second salon du Livre du Barreau, à Paris, l’avocat Bernard Gasco. Il sera l’invité de l’association le Palais littéraire et musical (fondée en 1913), le 18 mars prochain, à la Maison du Barreau, rue de Harlay (Paris 1er). Il interviendra sur le thème : « De la rue Montorgueil au Boulevard du Palais, itinéraire d’un enfant des Halles, avocat puis écrivain« .
Ses souvenirs d’enfance, de fils de bistrot, il les a réunis dans son roman : Montorgueil Café. Son univers familier était alors dès le matin : « le perco, les croissants, les mille breuvages » et le soir : « le balai, la sciure, les mégots et le rideau de fer ». Sa musique était celle des marchandes de quat’saisons, du rémouleur, des chanteurs des rues, le tout ponctué de bruits de klaxons, de livraisons ; les mille bruits de l’une des rues les plus commerçantes de Paris, la rue Montorgueil, l’une des voies d’accès aux Halles de Baltard, qui était alors le ventre de Paris.
Entre Madeleine et République, les Grands boulevards et la Seine, dans le quartier de la Presse, de la Bourse, non loin du Louvre, ses parents tenaient un bistrot. De la fenêtre à l’étage, il pouvait voir tout à loisir le Rocher de Cancale à l’angle des rues Montorgueil et Grenetta où, il allait jouer au babyfoot avec ses copains. Le Rocher de Cancale, n’est plus le même. Il a été l’un de ses thèmes favoris sur lequel, il a fait ses gammes de peintre.
Un café n’est pas une adresse mais un lieu de vie, d’échanges, de rencontres pour les solitaires. Personne n’est tenu de se démasquer complètement. Il nous brosse ainsi les portraits de ses habitués, hommes et femmes qu’il a plus ou moins connus et qui ont ainsi partagé son enfance et l’ont initié à la découverte du genre humain.
Il y avait alors, entre les années 1940 et 1950, un lavoir, rue Dussoub. La glace à rafraîchir était livrée à même les trottoirs et y restait souvent jusqu’à midi, jusqu’à l’heure de l’apéro. Les bouillons des Halles accueillaient au petit matin les noceurs qui s’encanaillaient avant de regagner leurs beaux quartiers en empruntant sa rue. Le bistrot a disparu remplacé par une pharmacie. Mais, les images de cette époque qu’il nous donne à voir demeurent gravées dans sa mémoire pour notre plus grand plaisir.
Montorgueil Café, par Bernard Gasco (éditions de l’Odéon, Paris, 2009 ; imprimé par Corlet, Condé-sur-Noireau). Disponible, désormais, auprès de l’auteur, 35 rue de Lyon, Paris 12e. 20 euros franco de port.
En couverture, montage photos de Dominique Germond : Le nouveau Rocher de Cancale, le passage Ben Aïad et un petit format pour les chanteurs des rues.