La jeune photographe parisienne Clémence Veilhan est à la galerie Laure Roynette (20, rue Thorigny, Paris 3e), jusqu’au 20 janvier. Sous le titre : « Et les fruits passeront la promesse des fleurs » (un vers d’un poème de Malherbe), elle présente trois thèmes complémentaires, des interrogations sur le passage de l’enfance à l’âge adulte, « sur ma propre transformation biologique et sociale ».
Elle a fait des études de cinéma (Paris III). Devenue photographe, elle a choisi de travailler à la chambre en format 20×25, en noir et blanc suivis de tirages argentiques. Elle refuse de travailler en numérique, car elle veut garder un lien avec l’histoire de la photo.
Elle se raconte dans en une série d’autoportraits (ci-dessus) qui constitue le script de sa vie. Une série de plans-films commentée. Elle pose de manière spontanée dans un cadre fixe pour : « 24 images de la vie d’une femme ». Cette autobiographie enjolivée présente un peu d’elle-même, ce qu’elle veut être, mais surtout telle qu’elle veut que nous la percevions.
Retrouver ou exorciser l’enfance ?
Elle comble l’absence d’images de son enfance par des jeux. Elle tente de répondre à de nombreuses questions, notamment, « qu’est ce qu’on fait de notre enfance quand on est adulte ? »
Elle a choisi « sa robe de princesse », celle de ses 10 ans pour que d’autres jeunes femmes la revêtent et lui laissent percevoir ce qu’elles ressentent.
« Je n’ai jamais été une petite fille » est donc un aveu mais aussi le titre d’une série de 38 images. L’artiste conduit ici une réflexion sur l’articulation entre le passage de l’enfance au monde adulte.
Une série de « Petites Alice » a revêtu la robe afin, face au miroir, de plonger dans leur propre enfance. Cet instant, elle l’a fixé afin de le partager avec chacune d’entre elles.
Son premier travail, son premier jeu a été une série de 50 filles : Chewing-Girls.
Ces « Lolita » buste nu font une bulle de chewing-gum. Les petites filles sont progressivement devenues des femmes…
Une question subsiste que deviendront-elles lorsque la bulle éclatera.
« J’ai photographié, ces rondeurs … l’envie d’exploser la bulle. Je deviens adulte. J’ai l’impression que le corps de la femme est toujours en mouvement. Après viendra la maternité. J’entre dans un monde que je ne pourrais pas toujours expliquer et maîtriser… Je m’interroge sur ce que je vais devenir, sur ce que nous allons devenir … »
Proche du musée Picasso et non loin du musée Carnavalet- musée de l’Histoire de Paris, la galerie Laure Roynette 20 rue de Thorigny est ouverte du mardi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous.
Photos : Dominique Germond
Françoise MERLE
Comment posted on 12-16-2014Clémence Veilhan est une artiste rare. Une chercheuse de beauté et de vérité.