
Sous la Coupole de l’Institut de France, la cérémonie de remise du Grand Prix de l’Académie des beaux-arts, décerné par la section de gravure et dessin, s’est déroulée le 5 mars 2025.
Le prix a été remis par l’Académicienne Catherine Meurisse, membre de cette section, au dessinateur satirique Willem (né Bernhard Willem Holtrop, en 1941).


Laurent Petitgirard, secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts a voulu que chacune des neuf sections qui la compose décerne un Grand Prix.

Trois sont remis chaque année. Pour 2024 étaient distingués Georges Aperghis en composition musicale, Gérard Traquandi en Peinture et Willem en gravure et dessin.
Willem est un dessinateur de presse mais pas que, il a publié une quarantaine de BD.
Il travaille en noir et blanc, se méfie des dessins trop beaux. « Un dessin de presse ne doit être trop beau«
Il utilise la couleur à l’aquarelle pour une couverture de livre à venir car « la couleur se vend mieux« .
Son parcours en France a débuté en 1968 avec l’Enragé (mai à novembre 1968), fondé par Jean-Jacques Pauvert.
Il se fait des amis Topor et Siné et son dessin le conduit d’Hara-Kiri à Charlie Hebdo.
Il a été rédacteur en chef de Charlie dans sa formule mensuelle.



A Libération à partir de 1981, il offre au quotidien son regard aigu et acéré sur la politique internationale « Pour tuer la connerie« . Il les quitte, le 31 mars 2021.
En 1992, iI faisait à nouveau partie de Charlie Hebdo. Il échappera à l’attentat du 7 janvier 2015 car il n’était pas à Paris.
Il va participer à Siné Mensuel (2011-2025). Il était à l’Académie le 5 mars 2025, alors que sortait le dernier numéro du Siné Mensuel qui a réunit les contributions de 80 dessinateurs, journalistes et artistes dont bien sûr Willem.
Il vit sur l’Île de Groix en Bretagne avec son épouse Medi Holtrop, une artiste d’origine norvégienne. Il s’y est retiré dans les années 2010.
Le choix de Willem
Le prix doté de 30 000 euros est mis à sa disposition. La somme sera répartie entre les trois artistes qu’il a choisi : Stéphane Blanquet, Pakito Bolino et Michel Guilbert pour Clows sans Frontières France.

Stéphane Blanquet (né en 1973) est un auteur de Fanzine depuis ses quinze ans. Il a créé la maison d’édition Chacal Puant puis United Dead Artists. Il soulignait que Willem avait été le premier à parler de son fanzine. Ses dessins l’inspirent « ses aquarelles qui mélangent le vivant et le mort. C’est quelqu’un qui nous pousse, qui nous entraîne. C’est un moteur puissant de l’imaginaire comme Topor et ses œuvres en grand format. » En 2021, il présentait Dans les têtes de Stéphane Blanquet une exposition évolutive à la Halle Saint Pierre qui a réuni près de 500 artistes du monde entier.

Pakito Bolino (né en 1964) Adepte du chaos graphique, ce musicien, vidéaste, commissaire d’exposition, dessinateur, éditeur, sérigraphe est le cofondateur du collectif Le Dernier Cri créé en 1993 avec Caroline Sury. Certains parlent de lui comme d’un terroriste graphique, ce qu’il assume pleinement.
Il est désormais installé à Marseille.
Il n’a jamais quitté Willem qui l’avait fait venir alors qu’il était jeune à Hara-Kiri.
A Marseille, il travaille avec des enfants, mais ce qu’il fait n’est pas de la BD classique. Il désacralise le livre, l’art. Il fait une dizaine de livres et c’est déjà de l’édition.
Commissaire d’exposition et musicien, il est venu à l’édition par la musique.
Il est amateur d’Art Brut, une passion qu’il partage avec le fondateur du Musée International des Arts Modestes (MIAM, à Sète), Hervé Di Rosa.
L’Académicien soulignait « Il invite des artistes étrangers qu’il m’a fait découvrir« . Il présente lui-même en ce moment « Un air de famille » au Mucem (Marseille, 12 mars-1er septembre).


Michel Guilbert représentait l’association Clowns sans Frontières France créée en 1993, dont il est le président depuis 2019.
L’association apporte un soutien moral aux populations en situation de crise humanitaire ou de grande précarité en France et dans le monde, particulièrement les enfants.

