L’exposition : Poétiques » de l’architecte franco-suisse Bernard Tschumi est présentée, du 5 décembre 2024 au 26 janvier 2025, au Pavillon Comtesse de Caen du Palais de l’Institut de France.
Cette présentation met en lumière un mode d’écriture non conventionnelle de l’espace en mouvement et rejette les conventions qui font de « l’architecture une production statique de formes. »
A partir de son expérience de théoricien et de constructeur, l’architecte a introduit une philosophie poétique de sa discipline qui inscrit le corps et la vie sociale dans l’espace à définir.
Chaque projet se nourrit des interactions entre espace, mouvement et action, tissant des liens entre concept et contexte générant parfois des jumeaux conceptuels « les Doubles (Twins) ». Ses essais théoriques principaux ont été les dessins des Manhattan Transcripts (1976-1981). Ils sont à découvrir dans la première salle « Espace et Mouvement ». L’exposition a été conçue autour de cinq thèmes spécifiques avec des réalisations expliqués, dessins à l’appui, sans oublier un espace biographie.
Programme/Juxtaposition Superposition
Le premier concours auquel il a participé et qu’il a remporté a été celui du Parc de La Villette (1982-1998). Il n’a donc pas fait des 55 hectares à aménager un parc traditionnel mais un parc toutes activités, tout en sauvant l’existant notamment la Grande Halle (comme il fera à Tourcoing pour Le Fresnoy, Studio national des Arts contemporains, 1991-1997). Il a éclaté l’endroit avec 26 folies des petites maisons comme autant de points rouges de part et d’autre du canal, des espaces que les visiteurs peuvent s’approprier. Il a animé et articulé l’espace avec un système de passerelles, de promenades dont une promenade cinématique, des prairies, des jardins thématiques « Le jardin des bambous est devenu une jungle… » souligne l’architecte avec plaisir.
Concept, Contexte, Contenu
« On peut contextualiser un concept ou, inversement conceptualiser un concept, » comme au Musée de l’Acropole (2001-2009). Celui-ci répond aux risques sismiques. Il a été posé sur 100 pilotis au-dessus des ruines archéologiques (des colonnes tripartites). L’architecte a instauré une complémentarité avec les ruines archéologiques. Le bâtiment célèbre les 2500 ans de la culture athénienne. La trajectoire de visite se fait en boucle, comme dans de nombreux musées, avec une ouverture vers le Parthénon. A noter, le musée révèle ce que serait la frise entière du Parthénon si les Britanniques rendaient les fragments qu’ils possèdent.
Le récipiendaire du Grand Prix d’architecture de l’Académie des beaux-arts (prix Charles Abella) a donc préparé l’exposition qui illustre son parcours. L’inauguration était suivie de la remise du prix par son confrère l’Académicien Dominique Perrault. Une conférence du récipiendaire sous la Coupole de l’Institut de France terminait cette soirée.
Sous la Coupole de l’Institut
Dominique Perrault en maître de cérémonie lui a donc remis son prix sous la Coupole de l’Institut de France ainsi qu’une Minerve symbole de l’Académie des beaux-arts créée par Jean Anguera.
Le prix étant remis, Bernard Tschmi s’installait pour nous parler de ses réalisations et répondre à quelques questions de Francis Rambert correspondant de l’Académie.
Chercheur et enseignant, l’architecte soulignait d’importants changements dans l’utilisation des matériaux… Les espaces décloisonnés qui réinventent les rapports sociaux… Les escaliers devenus des lieux de rencontre comme l’Atrium ou les coursives.
A propos du choix des matériaux en fonction du contexte climatique ou environnemental, les deux zéniths sont à retrouver dans la 5e salle de l’exposition qui réunit les « Doubles (Twins )». Ils offrent une circulation entre leurs deux enveloppes ; pour Rouen : intérieur béton et acier pour l’extérieur ; à Limoges : intérieur en bois et extérieur en polycarbonate.
Le prix Charles Abella, créé en 1975, a évolué
En 2020, il a été décidé de mettre en place un fonctionnement biennal. Une année le Grand Prix d’Architecture consacre l’ensemble du parcours d’un architecte (prix de consécration Charles Abella). L’année suivante un prix est destiné aux jeunes architectes à l’issue d’un concours. Il valorise des projets contemporains, exemplaires, qui illustrent la manière de penser et de faire, la diversité des nouvelles approches, le croisement des disciplines.
Le Grand Prix d’Architecture de l’Académie des beaux-arts (prix Charles Abella) a été attribué à Alvaro Siza Vieira (2019), Henri Ciriani (2021) et Christian de Portzamparc (2022).
Le Prix d’Architecture de l’Académie des beaux-arts-prix Charles Abella a été décerné en 2023 au projet Magasin/magazine sur le thème Ecritures présenté par Sophie Dars et Carlo Menon (Accattone).
L’exposition est à découvrir jusqu’au 26 janvier 2025, Pavillon Comtesse de Caen de l’Académie des beaux-arts , 27 quai de Conti, Paris 6e.
Entrée libre et gratuite, du mardi au dimanche de 11 heures à 18 heures. Attention, elle sera fermée du 23 décembre au 2 janvier 2025.