Sur la proposition du secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts Laurent Petitgirard les « Grands Prix de l’Académie des beaux-arts » viennent d’être créés en 2023. Ils complètent la cinquantaine de prix attribués chaque année. Mais ceux-ci sont différents.
Ces Grands Prix vont mettre à l’honneur « des artistes de nationalité française ou étrangère s’étant illustrés grâce à l’excellence de leur carrière ou le caractère particulièrement remarquable d’une œuvre récente ou d’une action récemment menée. Ces prix sont dotés de 30 000 euros chacun, financés par l’Académie. Cette somme est mise à la disposition de chaque lauréat, invité à la répartir entre plusieurs artistes dont il apprécié l’œuvre ou l’action….
Le fonctionnement original de ces prix permet de rendre hommage aux grands créateurs de notre temps tout en aidant d’autres artistes d’aujourd’hui à se faire connaître et poursuivre leur action ».
L’Académicienne Astrid de la Forêt de la section gravure et dessin animait la remise du premier Grand Prix de la section cinéma et audiovisuel de l’Académie des beaux-arts à Agnès Jaoui, le mercredi 27 septembre, sous la Coupole de l’Institut de France.
Elle a pu nous présenter la professionnelle, qui a exercé tous les métiers du cinéma, son amie depuis 40 ans, une femme engagée, rebelle, tendre et mélancolique :
« Tu aimes l’autre… raconter la comédie humaine… faire la nique à la mort…ne faire qu’exister…être dans le travail corps et âme… faire avec les gens qu’on aime… s’engager par amour des autres… »
Ses combats : les intermittents, l’homophobie, le réchauffement climatique, le collectif 50/50 pour l’égalité des femmes et des hommes et la diversité sexuelle et de genre dans le cinéma et l’audiovisuel parce que « Les voix de la bêtise sont impénétrables. »
Et comme « On peut changer le Monde à travers des Images… » Un montage, des images de ses films sur « On connaît la chanson » de Pierre Arditi « ça c’est vraiment toi » était projeté.
La cérémonie officielle a été suivie d’une conversation de la lauréate avec l’Académicien Frédéric Mitterrand de la section cinéma et audiovisuelle pour parler de l’œuvre de la lauréate.
Elle nous a rappelé non sans émotion :« Mon œuvre et celle de Jean-Pierre Bacri, vous le savez tous. »
La lauréate a présenté à cette occasion les artistes qu’elle a décidé de soutenir et dont elle a choisi de mettre à l’honneur le travail :
« quatre artistes qui travaillent avec d’autres. Je sais bien sûr, qu’il y a des chemins solitaires magnifiques...»
Les artistes du Grand Prix présentés par Agnès Jaoui : trois choix – quatre artistes
« Florence Farrugia, artiste plasticienne a choisi d’ouvrir une galerie elle-même pour représenter les artistes qu’elle admirait, il en faut du courage et de la ténacité pour cela et je voulais lui rendre hommage. »
L’occasion pour Frédéric Mitterrand de souligner que Nice où se trouve sa galerie est une ville d’artistes avec notamment l’Académicien Ernest Pignon-Ernest, Arman ou encore Yves Klein qui y sont nés.
Comme elle précise avoir étudié à la Villa d’Arçon, l’Académicien nous dit en avoir gardé le souvenir d’une architecture brutaliste.
J’admire, depuis longtemps, la persévérance et le grand talent de Fernando Fiszbein, que ce soit en tant que compositeur, instrumentiste, ou la tête de Carabanchel.
Enfin, j’ai découvert récemment l’excellent et drôlissime travail de Mélanie Martinez Llense et Claire Lapeyre-Mazerat, et leur spectacle « Boulevard du Queer » si joyeux et passionnant. Ces 4 artistes – ces 3 choix – mettent eux-mêmes en valeur d’autres artistes, ainsi ce prix profitera beaucoup et cela me réjouit d’autant. »
Pour Mélanie Martinez Llense et Claire Lapeyre-Mazerat, si les comédies de Georges Feydeau guident leurs mises en scène, Jacqueline Maillan est une source d’inspiration.
Elles transposent les codes du Boulevard dans l’univers Queer, avec les portes qui claquent et le lit installé sur la scène.
Le secrétaire perpétuel Laurent Petitgirard s’est souvenu qu’il avait composé un tango à la demande de Jacqueline Maillan qui a tenu à le danser avec lui.
La musique, le théâtre dans le parcours d’Agnès Jaoui
Agnès Jaoui a étudié le chant, « j’aime la musique passionnément », dit-elle. Frédéric Mitterrand qui aime la chanson, nous a indiqué qu’elle a chanté la Foule avec Jacques Higelin, la chanson péruvienne devenue le grand succès français chanté par Édith Piaf.
Elle a étudié le théâtre, avant d’entamer une carrière prolifique au théâtre avec Jean-Pierre Bacri. De ses échanges avec Frédéric Mitterrand il ressort qu’elle n’aime pas les dictateurs et que ses débuts au théâtre auprès de Patrice Chéreau ne lui convenait pas.
Elle aime le théâtre classique, Molière qu’elle a joué, Tchekhov, Marivaux et préfère Bérénice à Phèdre, cependant elle n’a pas de projet « théâtre ».
Au cinéma la scénariste, l’actrice et la réalisatrice, avec ses six récompenses au total, est la femme la plus récompensée aux César.
Mais, elle souligne que victime d’un sectarisme invisible, elle ne rentre dans aucune case car la sienne serait « Touche à tout » qui n’existe pas.
Frédéric Mitterrand a insisté sur la force et la générosité d’Agnès Jaoui qui ouvrent tous les tiroirs de ce meuble de rangement professionnel car elle coche toutes les cases. Elle en connait tous les métiers.
Deux autres Grands Prix vont être remis cette année, à Germaine Acogny en chorégraphie le 25 octobre et à Robert Carsen section des membres libres le 6 mars 2024.
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