Sur notre photo, ci-dessus à la sortie de son installation au fauteuil n°1 de la section Chorégraphie voici, à droite, l’Académicien Thierry Malandain dans son bel habit vert confectionné par l’association l’Atelier Renaissance*. Il vient de quitter la Coupole de l’Institut de France avec la Présidente de l’Académie des beaux-arts Astrid de La Forest, et le Secrétaire perpétuel Laurent Petitgirard. Derrière eux les Académiciens Bianca Li de la section Chorégraphie et l’architecte Alain Charles Perrot qui a été président de l’Académie en 2021.
Mercredi 6 avril, installation sous la Coupole du Palais de l’Institut de France de Thierry Malandain par Laurent Petitgirard
La section de Chorégraphie a été créée à l’initiative du secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts Laurent Petitgirard, le mercredi 25 avril 2018 (décret du 9 octobre 2018). Ce même mercredi de 2018, le danseur et chorégraphe tchèque Jiří Kylián était élu dans la section Associés étrangers, devenant ainsi le parrain de la neuvième section en devenir. Il a adressé à Thierry Malandain pour son installation un message de félicitations soulignant « son importante contribution à la danse et au ballet en France. »
Le secrétaire perpétuel Laurent Petitgirard a retracé le parcours de celui qu’il voit comme un « chorégraphe-musicien » prenant pour exemple, la création en août 2010 (Festival de Verone) de sa version de Roméo et Juliette sur la musique d’Hector Berlioz.
Le compositeur s’avouait saisi par « le feu intérieur qui habite » le chorégraphe. Il soulignait sa personnalité généreuse. « Vous êtes un passeur, un homme du don de soi (…) Le respect que vous manifestez en maintenant l’intégrité des œuvres ne peut que toucher au cœur les compositeurs (…) Vous avez compris à quel point la relation entre la chorégraphie et la musique doit être fusionnelle. »
L’aventure du ballet de Biarritz a commencé en 1998. Il est devenu le Malandain Ballet Biarritz depuis 2009, sans jamais qu’il se sépare d’un seul membre, démontrant son sens de la fidélité, sa tendresse pour les danseurs, surmontant les obstacles financiers et administratifs. Il a obtenu « une stature qui s’est imposée naturellement dans le monde de la danse, sur lequel vous faites flotter un souffle d’amour et de liberté. »
Le danseur et chorégraphe Pierre Lacotte était présent. Il vient de fêter ses 90 ans, le 4 avril. Il prépare avec sa compagne Ghislaine Thesmar et l’Académie des beaux-arts un prix destiné à récompenser et encourager chorégraphes et/ou danseurs de toutes disciplines et esthétiques.
Le discours de Thierry Malandain nous a plongé dans l’histoire de la chorégraphie
Théoricien et historien de cet art, danseur et chorégraphe Thierry Malandain a rappelé que le siècle de Louis XIV a été celui du triomphe la danse avec la création de l’Académie de Danse (1661). C’était alors la troisième académie après l’Académie française (1635) et l’Académie de peinture et sculpture (1648).
Le genre avait disparu de l’Académie et laissé peu de traces car il avait peu de passé écrit. Les pas étaient transmis oralement.
Il nous a offert une démonstration de « La gavotte de Vestris » créée en 1785 par Auguste Vestris et qui a trouvé une place de choix au Pays basque, où on la danse encore. Elle a été remontée par Claude Iruretagoyena de la compagnie Maritzuli, interprétée par Jon Olascuaga (danse) et Xabi Etcheverry (violon).
Cinq positions ont été codifiées pour la danse classique. « Un nombre symbolisant l’homme, l’esprit dans la matière, l’univers, l’harmonie, la perfection (…) La Danse permet à l’âme humaine de fixer l’instant en mouvement et de célébrer par le geste les manifestions de l’existence. »
L’Académie avait stoppé ses séances aux environ de 1780. Des démarches pour son retour n’aboutirent pas auprès de Louis XVIII. Deux siècles plus tard la voici de retour au sein de l’Académie des beaux-arts…
Et de conclure : « Si j’avais un seul souhait d’académicien à formuler, il serait que la Danse dont on connaît les bienfaits depuis le premier slow d’Adam et Eve, soit aujourd’hui enseignée dans les établissements scolaires. »
La Chorégraphie est de retour au sein de l’Académie des beaux-arts, déjà Maurice Béjart en 1994 était reçu comme membre libre. Avant lui en 1970, Serge Lifar avait été élu correspondant de l’Académie (section Sculpture). En 1955, il avait voulu créer, sans succès, une Académie de chorégraphes.
Enfin le 24 avril 2019, étaient élus 3 chorégraphes sur quatre pour la nouvelle section, la neuvième de l’Académie des beaux-arts : Blanca Li, Thierry Malandain et Angelin Preljocaj, suivis en 2020 par Carolyn Carlson élue au quatrième fauteuil.
Les discours étant prononcés, l’heure était venue de la remise de l’épée d’académicien par Catherine Pégard, présidente du Centre Chorégraphiqe National Malandain Ballet Biarritz, présidente du Château, du musée et du domaine national de Versailles, depuis 2011.
Thierry Malandain a choisi un bâton de maître de ballet pour lequel il a fait appel à Stéphanie Porsain et Florent Tremolos d’Origine Ateliers (Biarritz).
Il s’agit d’un Makila ou Makhila un bâton de marche basque (qui est aussi une arme), créé à partir d’un bois sorti des réserves de l’atelier Ainciart Vergara (Larressore).
Le pommeau en argent est orné d’une coquille d’escargot dont la spirale symbolise le retour de la danse au sein de l’Académie.
Des rameaux d’olivier pour la tradition académique et les noms de 13 chorégraphes « qui ont apporté beaucoup à notre art et qui ont été totalement oubliés » sont gravés sur la garde. Au bas du bâton d’après un dessin de l’artiste landais Pascal Maire un vol d’oiseaux illustre l’ambition humaine « de s’élever corps et âme. »
*L’habit vert de Thierry Malandain :
Philippe Guilet qui dirige l’association Atelier Renaissance (cité du Vercors, à Villejuif) a proposé de « redonner vie à l’habit porté par l’académicien Jean Carzou (1907-2000), peintre et décorateurs de plusieurs ballets… avec l’accord de sa famille… Un travail de déconstruction et de recréation ».
La spécificité de cet atelier qui forme de jeunes apprentis artisans-couturiers.
« Une nouvelle façon de concevoir l’habillement et de modifier les perspectives de l’industrie du luxe. »
On peut retrouver l’intégralité de cette installation sur le site de l’Académie.
