Un regard franc et direct semblant jauger ceux qui sont en face d’elle. Les Nautes de Paris avaient rencontré Madame Rol-Tanguy en juillet 2013, lors de l’inauguration d’une plaque rue Victor-Schœlcher rappelant l’installation de l’état-major en août 1944.
La Résistante Cécile Rol-Tanguy, née le 10 avril 1919 à Royan est décédée le 8 mai 2020, jour du 75e anniversaire de la fin de la guerre. Elle était l’épouse discrète du colonel Henry Rol-Tanguy, un des chefs militaires de la libération de Paris, décédé en 2002. Depuis sa mort, elle n’avait eu de cesse de raconter les journées de la libération de Paris passées à ses côtés pour que le rôle qu’il avait joué soit transmis avec exactitude aux jeunes générations.
Son père était le militant communiste français François le Bihan. Il avait participé à la création du parti communiste et de la CGT. Les Allemands l’arrêteront et il sera déporté en juillet 1942 à Auschwitz dans un convoi de 1100 communistes. Il sera exécuté en septembre 1942. (politique-auschwitz.blogspot.com/2008/03/le-bihan-franois.html)
Cécile sa fille unique sera membre du parti dès 1938 et demeurera fidèle à cet engagement jusqu’à sa mort. C’est au sein du syndicat des « métallos » où elle était sténodactylo, qu’elle rencontrera, l’homme de sa vie Henry Tanguy. Celui-ci appartiendra aux brigades internationales et partira se battre en Espagne, d’où il reviendra avec son pseudonyme ROL en hommage à un ami tué lors des combats. Ils se marieront en avril 1939 et auront cinq enfants.
Les communistes vont être poursuivis et arrêtés. Dès juillet 1940, elle va entrer en clandestinité. Elle changera fréquemment de nom, d’adresse. Elle est devenue agent de liaison des FTP, Francs-Tireurs et Partisans. Elle tape alors tracts, et articles pour la presse résistante et pour ROL dont elle assure la communication.
Les époux se retrouvent unis dans un même combat, préparer la libération de la France.
La naissance des enfants, font de ceux-ci nés pendant l’occupation des acteurs de la Résistance. Le landau participe à l’action qu’elle va mener, discrète et efficace.
Elle se déplace parfois seule mais le plus souvent, « un bébé dans le landau l’autre à la main ». Elle transporte des armes sous ses achats alimentaires où lors de longues promenades pour les enfants notamment du côté de la banlieue sud. Elle avertit ceux qui sont découverts ou menacés, transmet des ordres, des tracts, des affichettes, dépose des grenades, des détonateurs, des pistolets facilement cachés sous les couvertures ou les aliments.
En août 1944, le couple s’installe rue Schœlcher, l’immeuble du service de l’eau et de l’assainissement est relié en sous-sol au service des égouts et permet d’accéder aux Catacombes. Ils vont ainsi pouvoir installer le pc des FFI à vingt-six mètres sous la place Denfert-Rochereau , dans un ancien poste de Défense passive resté aménagé et avec le téléphone.
Au secrétariat, elle tapera les ordres de mission et le célèbre appel aux armes qui a vu Paris se couvrir de barricades « Toute la journée nous tapions sans relâche des messages, les communiqués qui arrivaient et devaient repartir immédiatement ».
« J’étais une inconnue. » Un jour où elle a voulu sortir sur la place pour prendre l’air, elle raconte :
« L’accès du côté de la place Denfert-Rochereau était surveillé avec une grande vigilance. Il fallait un mot de passe pour entrer de ce côté-là. J’étais sortie, je l’avais oublié… Celui qui était présent au moment où j’ai voulu regagner mon poste ne me connaissait pas. Heureusement quelqu’un s’est présenté qui me connaissait… Je me suis empressée de regagner mon poste. »
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