L’Amiénois Michel Catty dit Michou est mort le dimanche 26 décembre 2020. Il avait 88 ans. Il avait été hospitalisé mercredi 22 au soir pour un malaise respiratoire.
Les Nautes de Paris ont accompagné de nombreux amis de passage à Paris chez Michou le roi des nuits parisiennes. Pour ceux qui l’ignoreraient encore, sa couleur fétiche était le bleu symbole de vérité, lié au rêve, à la sagesse, à la sérénité.
A la question : le transformisme, des imitations de qualité, jamais vulgaires, de grandes chanteuses par les Michettes certes, mais quelle a été le moteur de votre succès ? Il nous répondait… « Mon succès, je le dois aux femmes. Je dis MERCI aux dames. Merci d’avoir été si curieuses et d’être venues avec leurs maris qui étaient réticents, qui avaient alors le trac. Il est vrai que les dessous de mes Michettes leur réservaient bien des surprises. »
Tous les soirs à 20h., il était présent dans son cabaret ouvert en 1956. On se bousculait devant la porte du 80 rue des Martyrs. Il était attendu avec ferveur. Il ne pouvait pas y avoir de spectacle sans Michou. Son équipe veillait au bon déroulement de l’accueil. « Nous attendons Michou, il ne devrait plus tarder… » Et enfin, le maître des lieux était là. « Je reçois les personnes qui arrivent avec un beau sourire. Je ne dis jamais mes clients, je dis mes amis… et je leur dis MERCI. Mais c’est vrai, je me fais l’effet d’un dinosaure. »
Face au temps qui passe celui qui nous disait :
« J’aime organiser chaque mois, depuis des années un repas pour les personnes âgées … et… vous savez, maintenant j’en suis une…aussi. »
Il ajoutait en riant
« Je m’accroche… je m’accroche », joignant le geste à la parole.
Sa vie il en avait fait une fête, même si ces derniers temps le souffle venait à lui manquer et lui a finalement fait défaut.
Dès son arrivée à Montmartre, rue des Martyrs, dans le bar de nuit qu’il venait de reprendre, entouré de quelques amis, ils faisaient des imitations. « Une petite barrette glissée dans mes cheveux blonds, j’ai chanté comme France Gall « Je suis un bébé requin ». J’ai été une merveilleuse Brigitte Bardot (chantant coquillage et crustacés). Je terminais presque nu. J’avais de belles fesses les mêmes que les siennes. BB appréciait mon imitation. Elle disait Michou tu as de belles fesses aussi belles que les miennes. Nous nous ressemblions… » Conscient du temps qui est passé sur leurs formes, il ajoutait en riant « nous nous ressemblons encore… » L’été, il était lui aussi à Saint-Tropez où se retrouvaient les vedettes des nuits parisiennes. Pour les soirées en blanc à l’époque d’Édith Barclay, il mettait une veste blanche. Michou se pliait à cet impératif, « je ne pouvais pas faire moins … mais … le dessous était tout bleu. »
Installé à sa table avec sa bouteille de champagne, son unique boisson car : « les petites bulles toutes folles et brillantes, c’est l’euphorie, c’est la fête dorée, un moment de partage… se griser un peu, vivre la vie comme une fête, enlever de temps en temps ces nuages au-dessus de nos têtes… C’est du soleil pétillant…Vous voulez une coupe ? » C’est ainsi qu’il parle de son breuvage favori dans son livre publié en 2017. Coupe à la main, il attendait le début du spectacle. C’est là où à plusieurs reprises, il a reçu des Américains, venus le relancer pour créer un cabaret Michou aux États-Unis. Il a toujours refusé fuyant les financiers. « Aujourd’hui les financiers sont au pouvoir, il n’y a plus d’âme dans les établissements de nuit. Je n’ai jamais voulu m’agrandir afin de ne pas perdre la convivialité, l’esprit des origines, le sens de la fête. »
En 2016 il fêtait les 60 ans de son établissement. Il confiait dans son livre : « Lorsque j’aurai tiré ma révérence, je souhaite que mon cabaret ferme définitivement ses portes. Je veux que cette maison disparaisse avec moi. Cela peut paraître prétentieux mais le cabaret ne me survivra pas. »
Il aurait aimé que la rue des Martyrs devienne la rue Michou, cela se fera-t-il? Il faut au moins qu’une plaque garde le souvenir de ce lieu où nous sommes venus nombreux pour oublier les soucis du quotidien et l’entendre dire : « La vie est belle ».
Pour ceux qui voudraient lui rendre un dernier hommage, notez que vendredi 31 janvier, à 10h30, une messe sera célébrée en l’église Saint Jean de Montmartre, métro Abbesses. Auparavant ses amis pourront lui rendre un dernier hommage au cabaret où son cercueil bleu sera exposé. Après la cérémonie religieuse, il sera inhumé au cimetière Saint Vincent à Montmartre, où l’attend sa tombe en marbre bleu foncé.
Documents : Les Nautes de Paris
A lire son autobiographie : « Michou, prince bleu de Montmartre », publié en 2017, au Cherche Midi, avec un cahier photos de 16 pages