Mercredi 11 décembre 2019, les Parisiens se déplaçaient à pied en cette période de grève, mais rien ne pouvait empêcher Les Nautes de Paris d’être présents pour l’installation de Coline Serreau au fauteuil de Pierre Schoendoerffer sous la coupole de l’Institut de France.
Membre de la section des créations artistiques dans le cinéma et l’audiovisuel de l’Académie des beaux-arts depuis le 25 avril 2018, l’Académicienne a un parcours dominé par le cinéma même si la musique avec le chant chorale, la mise en scène pour l’Opéra avec de la danse et le théâtre appartiennent à ses activités.
Pour mémoire, voici quelques éléments concernant sa formation. Après des études de Lettres, au Conservatoire Nationale Supérieur de Musique elle étudie l’histoire mais aussi l’esthétique avec Norbert Dufourcq et Marcel Beaufils. Puis, elle se tourne vers l’orgue avec Micheline Lagache, à la Schola Cantorum, elle sera dans la classe de Jean Langlais. La comédie l’attire. 1968, elle est au Centre national de la rue Blanche. 1969, elle est stagiaire à la Comédie Française avec Romain Bouteille. Elle sera co-auteur du premier spectacle de Coluche « Thérése est triste« . Elle va écrire pour le cinéma, le théâtre, faire de la mise en scène au théâtre, cinéma et à l’opéra.
Hugues R.Gall, membre de la section libre débutait son discours par ces mots : » En vous élisant le 25 avril 2018, au fauteuil de Pierre Schoendoerffer notre Compagnie a-t-elle pris toute la mesure du danger? … La surprenante généalogie que votre arrivée crée entre le Crabe Tambour et Trois Hommes et un Couffin n’était pas pour nous rebuter ; tout au contraire ! Naguère nous avions « raté » Claude Monet et avec lui le coche des Impressionnistes, il n’était pas question de manquer Coline Serreau, notre ADN, revitalisé exigeait cette forme de rédemption ! »
Extraits du discours de Coline Serreau
Alors qu’on pourrait croire que l’oeuvre de Pierre Schoendoerffer est à l’opposé de la sienne, Coline Serreau a mis en lumière les liens qui finalement les relient : « Me voici à devoir faire l’éloge de Pierre Schoendoerffer, dont on pourrait penser qu’il faisait l’apologie de la guerre.
Cela aurait pu être un exercice difficile, et pourtant, c’est avec un immense plaisir que je vais parler de cet homme que je n’ai croisé qu’une fois, dont l’oeuvre ne nous parle en fait que de terre, d’humanité, de nation, dont toute l’histoire me touche profondément. »
Celui qui disait « Vu mon niveau scolaire, l’écriture était exclue, j’ai décidé de faire du cinéma. »
Il entrera dans la carrière cinématographique comme reporter du service du cinéma des armée à la suite de la lecture d’un article du Figaro consacré à un reporter mort au combat. Il décide alors de se porter volontaire pour l’Indochine (…)
« Pierre Schoendoerffer a vécu à Dien Bien Phu un moment fondateur de son histoire personnelle. »
le journaliste Jean-Christophe Buisson a dit de lui « Il était humaniste, attentif aux gens. Il aurait pu être curé, ou médecin car c’était la petite misère des hommes, l’humanité qui l’intéressait. »
L’académicienne a souligné une proximité de pensée avec celui auquel elle succède, même si son monde « était apparemment à l’opposé de mes convictions, de mes combats politiques (…) C’est la grandeur de notre académie de nous amener à célébrer chez les artistes qui nous ont précédés, au-delà de notre histoire personnelle, ce qu’il y a de mieux en eux… »
Pour ceux qui désireraient en apprendre davantage sur le parcours de Coline Serreau et celui de Pierre Schoendoerffer, les discours de cette cérémonie peuvent être consultés dans leur intégralité sur le site de l’Académie des beaux-arts.