11 juin 2018, Thierry Bigaignon nous reçoit par une soirée pluvieuse dans sa Galerie de photographie ouverte dans l’hôtel de Retz, rue Charlot (Paris 3e), voici deux ans.
Le photographe Ralph Gibson était ce soir là sous les feux de la rampe. Bravant une pluie torrentielle, tous les invités étaient venus partager un moment privilégié avec l’homme l’artiste, l’ami.
La ministre de la Culture Françoise Nyssen était attendue. Elle devait remettre par délégation du président de la République la Légion d’honneur au photographe.
En 1986, il a été fait Officier de l’Ordre des Arts et Lettres et en 2005, Commandeur de l’Ordre des Arts et Lettres. Ce soir là, il recevra les insignes de Chevalier de l’Ordre de la Légion d’honneur.
Le grand maître de l’Ordre lorsqu’il entrait en fonction, en mai 2017, soulignait que cette distinction « n’est pas un témoin d’usure, mais une marque d’engagement » que « le mérite doit être désormais le seul et unique critère retenu afin de récompenser une carrière hors du commun.»
Après les mots de bienvenue de notre hôte adressés aux amis et personnalités présentes, Thierry Bigaignon indiquait qu’il était au « premier jour de la troisième année de la galerie et dans ce métier chaque jour qui passe est une victoire ».
Il passait ensuite la parole à l’homme de la soirée pour une annonce importante.
L’Américain Ralph Gibson, le récipiendaire, annonçait, ce soir là, qu’il préparait avec le ministère de la Culture la donation, après sa mort, « d’un ensemble de plusieurs centaines de pellicules avec les planches contacts qui en sont issues et la documentation qui les accompagnent. Ce sont les images diffusées, exploitées, publiées… Ce sont mes images les plus fortes faites sur la France. Ce sont celles qui expriment le mieux mes choix. »
La ministre le remerciait « pour ce geste qui vous raconte, qui en dit long sur vos valeurs, votre sens du partage, un geste qui raconte le passeur que vous êtes, que vous avez toujours été, chasseur d’images, de lumière, d’émotions, de patrimoine, de savoir… Vous êtes une homme d’engagements et de valeur, engagement pour l’image, pour le livre, pour la France qui vous vaut aujourd’hui la médaille que je vous remets ce soir…
Vous voyez le jour à Los Angeles, à l’âge d’or d’Hollywood. Vous grandissez sur les plateaux de la Warner. Vous êtes bercé par les films d’Hitchcock pour qui travaille votre père…. Vous y cultivez votre sens des lumières vous vous y nourrissez de ce qui deviendra votre marque de fabrique les jeux d’ombres (…) »
La ministre nous rappelle son parcours.
Sa formation aux techniques photographiques à l’école navale de Pensacola (Floride).
Il sera l’assistant de Dorothea Lange, il travaillera avec Robert Frank. Il passera par Magnum, l’actualité, la mode, la publicité.
Mais, il voulait être libre pour sa propre photographie faite de gros plans, de contrastes.
Il allait casser les codes, explorer, capturer des sensations, des impressions intemporelles, universelles, en toute liberté.
« Votre passion du livre croise celle des images (…) L’engagement pour la France, passe par les images et les livres nés d’une passion pour la nouvelle vague, le nouveau roman. »
La ministre a évoqué son travail éditorial, sa maison d’édition Lustrum, le dialogue mis en place entre les pages de son premier ouvrage « somnambulist » puis pour la trilogie et les livres d’autres artistes qu’il a publié ; sa passion du livre, de l’édition, la passion de la photo, du cinéma de la nouvelle vague et du nouveau roman, ses nombreuses rencontres lors de sa découverte de la France pour ses livres l’Histoire de France, L’air de Bourgogne, et les expositions qui le mèneront de nombreuses fois en Arles.
Avec Marguerite Duras, au début des années 90, ils auront un projet sur la Seine « Le fleuve » qui ne verra pas le jour. Elle signera la préface de l’Histoire de France (1991).
Françoise Nyssen en parle avec émotion : « un ouvrage magnifique, une histoire d’amour… Un portrait de la France vue à travers votre objectif, un objet de mémoire (…)
L’annonce de la donation de vos négatifs confirme votre engagement pour la France (…)
Gilles Mora vous a décrit comme Le plus Européen des photographes américains, je pourrai dire que vous êtes le plus Français des photographes américains. »
En juin 2016, Thierry Bigaignon ouvrait les portes de sa galerie en présentant le travail récent, en numérique, en grand format et en couleur, d’un maître des tirages argentiques noir et blanc, Ralph Gibson.
En 2018, son premier invité présentait une facette peu connue, son talent pour la musique et la guitare avec une série de quinze photos des années 1968 à 1990, chacune revisitée en musique. La galerie offre tout au long de l’année de belles rencontres, des talents variés qui nous réservent de belles surprises.
Les Nautes de Paris étaient conviés à un moment de pure émotion.
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BERNARD LEBRUN
Comment posted on 1-17-2021Mille bravos ! Tellement justifié. Monsieur, la France vous dit MERCI !