Le Pont des Arts a brisé ses chaînes, le 1er juin 2015, et se retrouve libéré de ses lourds cadenas, 45 tonnes qui menaçaient sa sécurité. Carte blanche a été offerte à quatre artistes du Street Art: El Seed, Brusk, Jace et Pantonio qui ont préparé des frises intérieures et extérieures ; une installation provisoire. A l’automne des panneaux transparents devraient enfin être mis en place et le pont retrouvera la transparence qui faisait sa spécificité permettant de profiter d’un paysage superbe classé au patrimoine de l’Humanité.
On ne grave plus des cœurs sur les bancs publics, sur les troncs des arbres. Les rendez-vous bucoliques et amoureux, dans les bois des environs de Paris, se font rares. Pour les relations citadines, un nouveau talisman a vu le jour « le cadenas d’amour ». Les marchands sont là, à chaque bout du pont, avec cadenas et stylos indélébiles.
Verrouiller l’être aimé
Jean aime Jeanne, ils inscrivent leurs noms se jurent un amour éternel, échangent un baiser accrochent leur cadenas sur le Pont des Arts ; le referment et jettent la clé dans la Seine, à moins que l’un des deux prudents garde la clé pour pouvoir enlever le cadenas, lorsque cette belle histoire s’achèvera. Sinon, muni d’une pince, il coupera dans le vif provoquant un trou béant dans cette dentelle métallique.
Les cadenas sont arrivés à Paris, en 2008. Et comme nous ne sommes pas à Vérone où les amants peuvent mettre de petits billets sur la maison de Juliette ni à Florence où les promesses s’accrochaient encore, il y a peu peu de temps à la rampe du Piazzale Michelangelo ou du ponte Vecchino, désormais interdit. Les grandes capitales ont peu à peu, les unes après les autre été gagnées par ce nouveau rite amoureux.
Les ponts de Paris sont verrouillés, les uns après les autres
A Paris, comme la place se faisait rare ils ont gagné les autres ponts, la passerelle Léopold Sédar Senghor, le Pont de l’Archevêché, le Pont Neuf… Quelle drôle d’idée ce cadenas d’amour ! Il verrouille l’être aimé à la manière des anciennes ceintures de chasteté. Ce rite médiéval séduit-il encore ?
Photos : Dominique Germond, de janvier 2008 (photo d’ouverture) à juin 2015.